Au nom du groupe La République en Marche, je voudrais tout d'abord saluer le travail de notre collègue Arnaud Viala. Je suis moi aussi un agriculteur, un éleveur. Je connais l'urgence du dossier. L'agriculture française, qui affichait une balance commerciale largement excédentaire, se trouve maintenant dans une position beaucoup plus compliquée. Dans la plupart des filières, les exploitations affrontent une situation économique critique.
Il y a donc urgence à prendre une série de mesures et les membres de mon groupe en sont tout à fait conscients. Cela étant, suite aux engagements de campagne du Président de la République, le Gouvernement a initié, depuis le début du mois d'août, des États généraux de l'alimentation qui se déclinent en quatorze ateliers et deux axes principaux : faire redescendre la valeur au niveau de la production et augmenter les prix de vente à la production, et en faire évoluer le modèle agricole.
Le premier axe va trouver sa conclusion très prochainement puisque trois ateliers sont d'ores et déjà terminés et ils ont apporté leurs conclusions au Gouvernement et au Président de la République. Dès le 11 octobre, le Président de la République nous annoncera des mesures concrètes concernant la répartition de la valeur. Cette proposition de loi est donc intéressante mais elle arrive en décalage, si l'on peut dire, au moment où des annonces vont être faites à partir de la consultation, inédite en France, des représentants de toutes les filières. Il nous serait difficile de prendre aujourd'hui des mesures qui ne seraient pas une émanation de ces États généraux de l'alimentation.
Sept ateliers supplémentaires vont se dérouler jusqu'à la fin du mois de novembre concernant l'évolution du modèle agricole et les perspectives que nous voulons lui donner. L'audition des différents intervenants a mis en avant le manque de perspectives : bon nombre de filières ne savent plus quelle direction prendre. Pour les agriculteurs, l'une de clefs est de connaître la demande du consommateur, puisque c'est lui qui achète les produits. À partir de là, il faudra redéfinir des objectifs qui permettront à notre agriculture d'aller dans la bonne direction et d'être à nouveau compétitive. Les auditions que j'ai moi-même conduites en ma qualité de rapporteur pour avis du budget de l'agriculture, ont également mis en avant un manque de visibilité à long terme, qui empêche la réalisation de certains investissements, notamment dans le secteur de la production porcine. Les États généraux de l'alimentation ont pour but de redonner des perspectives, tout en veillant à une meilleure répartition de la valeur.
Autant de raisons pour lesquelles, même si ce texte contient des dispositions intéressantes, nous préférons attendre la conclusion de ces travaux afin d'élaborer des propositions concrètes qui émanent des professionnels eux-mêmes, et que nous pourrons valider très prochainement, notamment lors de la réécriture de la loi de modernisation de l'économie.