Je voudrais élargir la perspective, peut-être un peu trop d'ailleurs. Cette discussion soulève un problème qui est à mon avis l'un des plus grands auxquels nous devons faire face : l'espionnage, le vol systématique d'un grand nombre de technologies avancées dans lesquelles nous étions parmi les premiers au monde. Nous n'avons pas les moyens de lutter, mais c'est bien avant l'intervention de la justice que tout se joue.
Je connais les textes que nous avons votés, et je sais la volonté du Gouvernement de se battre.
Candidat à l'élection présidentielle, j'avais proposé la création d'une quatrième arme, après l'armée de terre, l'armée de l'air et la marine : elle lutterait contre la cybercriminalité, et nous donnerait les moyens d'affronter à armes à peu près égales la CIA et d'autres organes aussi sympathiques.
Nous nous sommes tout fait rafler, je l'ai vu, par exemple dans le domaine de la carte à puce. Un copain à moi, Marc Lassus, avait monté à Marseille une entreprise qui employait 15 000 personnes ; il était numéro un, et il a eu l'intelligence de vulgariser sa technologie. Un jour, cela a mal tourné, et il n'a pas compris pourquoi. Je l'avais dit au président Chirac : c'était louche ! Finalement, c'était la CIA qui était derrière les difficultés. Le gouvernement de l'époque est intervenu, mais n'a rien pu faire.
Dans un cas comme celui-là, aucune justice ne peut rien.
C'est pourquoi je veux appeler l'attention sur le fait que nous ne sommes pas mauvais du tout. Nous avons d'excellents chercheurs ; les génies français existent. Mais nous nous faisons systématiquement dérober ce que nous avons de plus beau et de plus précieux. Avant que la justice juge, c'est en amont que nous devons nous défendre !