Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du mardi 10 octobre 2017 à 15h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur l'avenir de l'union européenne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la ministre, chers collègues, je voudrais tout d'abord vous remercier pour l'occasion qui m'est donnée de participer à ce débat. Je le fais avec honneur et émotion, venant d'une région, l'Alsace, qui sait ce qu'elle doit à l'Europe et ce que la paix doit à la construction européenne. À l'heure où, dans divers pays d'Europe, certains de nos concitoyens – la plupart nés d'une génération qui n'a jamais connu la guerre – semblent tentés par un repli nationaliste, il peut être bon de rappeler ce que nous devons à l'Europe.

Il peut être bon de rappeler que nous sommes en réalité la première génération à être épargnée par les conflits qui entre-déchirèrent l'Europe occidentale au cours des deux derniers millénaires. Car l'histoire de l'Europe, mesdames et messieurs, c'est en réalité l'histoire de la guerre. En effet, entre la fin de la pax romana en 180 après Jésus Christ et 1945, il n'est pas trente années de paix continue en Europe.

Si nous avons la chance incroyable, sans toujours savoir l'apprécier à sa juste valeur, de vivre la période de paix la plus longue depuis 2000 ans, ce n'est pas le fruit du hasard. C'est le résultat de la foi qui anima certains de nos illustres prédécesseurs sur ces bancs qui, souvent contre les vents de l'opinion publique, décidèrent de tendre la main et de faire le pari fou de l'avenir.

C'est d'ailleurs cette même question qui se pose aujourd'hui à nous. Céderons-nous à la tentation du repli ou oserons-nous tendre la main ? Céderons-nous au conformisme ou oserons-nous faire le pari fou de l'avenir ? La première tentation existe, c'est bien sûr celle de la facilité. Celle de considérer que l'Europe a rempli son oeuvre. Elle a assuré la reconstruction de notre continent, elle a assuré les conditions de la prospérité, elle a réconcilié des peuples que l'histoire avait déchirés. Et c'est parce qu'elle a réussi ce pourquoi elle avait été créée que nous n'en aurions plus besoin.

À cet argumentaire, nous pourrions ajouter que l'Europe ne répond plus aux préoccupations qui sont celles de nos concitoyens aujourd'hui. Elle ne sait pas nous protéger contre les grandes migrations qui bousculent l'Europe au Sud. Elle ne sait pas nous protéger contre le terrorisme islamiste qui frappe chaque semaine dans ses chairs un autre État européen. Elle ne sait pas garantir nos intérêts et assurer notre défense en projetant les troupes nécessaires à la stabilisation du bassin méditerranéen. Enfin, elle ne sait pas nous protéger contre le dumping social et fiscal que pratiquent sans scrupule certains États en son sein comme au-dehors.

Nous pourrions, avec nos concitoyens, instruire le procès de l'Europe. Il serait certainement intéressant car il montrerait que, partout où elle a échoué, c'est en réalité ses propres États membres qui lui ont refusé le pouvoir d'agir.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.