Pour comprendre le projet, il faut revenir à ses origines. En 2012, nous invitons l'essayiste américain, M. Jérémy Rifkin, spécialiste de prospective, qui étudie les mutations économiques contemporaines. Il publie alors un livre intitulé La troisième révolution industrielle.
À l'époque, j'étais président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de l'ancienne région du Nord-Pas-de-Calais. M. Daniel Percheron, président du conseil régional, a manifesté également son intérêt pour le projet. Nous sommes partis du constat suivant : la région, moteur de la première révolution industrielle, a été mise à mal par la deuxième et subit aujourd'hui encore les conséquences de la désindustrialisation. Notre part dans le produit intérieur brut (PIB) national a considérablement baissé, et notre taux de chômage est structurellement plus élevé qu'ailleurs en France. Une fois ce bilan dressé, une volonté collective s'est affirmée pour entraîner la bascule du territoire vers la troisième révolution industrielle.
Cette volonté s'est illustrée au travers de la mobilisation de la quasi-totalité des forces politiques de la région, puisque l'ensemble de l'assemblée délibérante du conseil régional a voté pour le dispositif proposé, à l'exception des élus d'extrême droite. Ensuite, entre 125 et 130 experts, issus du monde l'entreprise, de la fonction publique, et des syndicats – principalement la Confédération française démocratique du travail (CFDT) – ont été mobilisés. Nous avons mis en place un master plan, avec une vision pour la région. Cette dernière s'articule autour de deux idées principales : la région doit être durable et elle doit être connectée. Cela nécessite de s'inscrire dans la transition énergétique, et de rentrer de plein pied dans l'ère numérique.
Le monde économique et le monde politique se sont unis autour du projet, avec comme principe phare de ne rien imposer d'en haut. Nous sommes donc partis d'une approche bottom up avec les collectivités et les entreprises – à la fois les entreprises dites classiques, mais également celles du monde de l'économie sociale et solidaire. Un certain nombre de projets ont vu le jour, dont certains sont devenus emblématiques, à l'image de ce que nous faisons en matière de biométhane injecté, sujet sur lequel nous nous positionnons aujourd'hui en pointe sur le plan européen.
La fusion avec la région Picardie a constitué un défi. À la suite des élections régionales, M. Xavier Bertrand a souhaité poursuivre l'action engagée, l'étendre à l'ensemble de la nouvelle région Hauts-de-France, et approfondir son ampleur. Il a associé son prédécesseur à cette démarche.