Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, plus que jamais, un débat sur l'avenir de l'Union européenne est nécessaire.
Depuis le non français au référendum de 2005, notre pays hésite dans la démarche à adopter vis-à-vis de nos partenaires européens, alternant entre des phases de franche réussite, à l'instar de la présidence française en 2008, et de grands échecs patents, tel le recul incompréhensible de notre pays dans l'ensemble des différentes instances.
Cette hésitation française a creusé la défiance de nos concitoyens à l'égard de cette union dont nous étions pourtant des précurseurs, des fondateurs, des moteurs.
Mais cette défiance a également été encouragée par ceux qui voyaient en l'Europe un bouc émissaire facile, le paravent de nos propres incohérences françaises, un accusé bien commode pour les dirigeants successifs d'une France qu'ils n'osaient réformer eux-mêmes, allant même jusqu'à proposer de renégocier certains accords budgétaires avant de se retrouver confrontés au mur de la réalité.
Tous, appartenant à l'ancien comme au nouveau monde, nous avons une part de responsabilité dans cette défiance de nos concitoyens vis-à-vis de l'Europe, une défiance qui a poussé plus d'un tiers de nos compatriotes à faire le choix, en mai dernier, de tourner le dos à notre histoire commune, à notre héritage mais aussi à notre avenir.
Madame la ministre, la responsabilité du gouvernement auquel vous appartenez est immense car vous n'avez pas le loisir d'échouer dans votre volonté, louable, de relancer l'Europe. Mais avant de relancer l'Europe, vous avez surtout le devoir de restaurer la fierté de nos concitoyens d'appartenir à cette union.
Le chantier européen n'est ainsi pas simplement externe, à l'adresse des autres pays membres, il est avant tout interne. Il faut expliquer à quoi sert l'Europe, le Fonds social européen, la politique agricole commune, Erasmus, Frontex, montrer que l'euro est avant tout un atout pour notre pays ; bref, éviter le cavalier seul, le « qui m'aime me suive » pour faire preuve, au contraire, de pédagogie.
Malheureusement, avec vos déclarations successives, nous pouvons craindre le pire. Le pire, c'est de faire en Europe ce que vous faites déjà en France, c'est-à-dire cliver, cliver au lieu de dialoguer, en mettant au ban des nations européennes celles qui ne comprennent pas ou ne veulent pas suivre les incantations de la France jupitérienne.