Avec douze « vous êtes haï » en une trentaine de lignes, je vous prévenais avec un rien d'insistance. Stylistiquement parlant, je ne porte pas ce texte en bandoulière, comme une fierté littéraire. Sur le fond, néanmoins, je n'en renie rien. L'avertissement sonnait juste : vous êtes aujourd'hui haï, massivement haï. C'était en germe hier, et on assiste désormais à la moisson. Le fossé s'est transformé en gouffre.
Vous l'avez palpée vous-même, cette haine, de la Lorraine aux Ardennes, de la Marne à la Somme, lors de votre semaine d'itinérance mémorielle. Vous avez fait le jovial – « j'aime aller au contact », « je reviendrai plus souvent » – , mais ce ressentiment dans votre propre peuple a bien dû vous meurtrir et, je l'espère, vous alerter. Depuis dix jours, surtout, qu'est-ce qui rassemble les « gilets jaunes » ? Qu'est-ce qui les unit bien plus que le gazole ? Qu'est-ce qui, par-delà mille différences, leur fait un trait commun ?