Monsieur le président, madame la ministre, mesdames les présidentes de commission, chers collègues, il y a quelques semaines, les membres de la commission des affaires européennes m'ont confié le soin de rédiger un rapport d'information sur la transition énergétique au sein de l'Union européenne. Chaque jour, cette tâche m'offre l'occasion de mesurer la place d'avant-garde que l'Europe occupe dans ce domaine. Mais, chaque jour, je mesure aussi l'audace dont il faut faire preuve pour avancer.
Rappelons-nous ce qui reste aujourd'hui l'une des plus belles aventures scientifiques et humaines : le tour du monde de Solar Impulse, cet avion propulsé uniquement à l'énergie solaire. « Des feuilles de fibre de carbone de 50 grammes par mètre carré, dites-vous ? Impossible ! » objectaient les experts : « 200 grammes, voilà ce que l'on peut faire de mieux. » À force de persévérance, de volonté et d'audace, l'avion solaire s'est envolé avec des feuilles de 25 grammes, le tiers d'une feuille A4. Impossible, disaient-ils ? Si cet avion a pu décoller, rien ne pourra clouer notre ambition au sol. Chacun, dans cette assemblée, en est convaincu : impossible n'est ni français ni européen !
Il faut le reconnaître, sur la question de la transition écologique et énergétique comme sur bien d'autres, le leadership vient désormais de la France. N'est-ce pas la France qui a été à l'origine du succès de la COP21 ? N'est-ce pas la France qui organise le grand sommet sur le climat du 12 décembre prochain ? N'est-ce pas la France qui appelle de ses voeux l'augmentation significative du prix du carbone ? N'est-ce pas la France qui est à l'initiative d'un pacte mondial sur l'environnement ? Et n'est-ce pas cette assemblée qui vient d'adopter la loi sur les hydrocarbures, qui matérialise l'engagement de la France à sortir des énergies fossiles ? Toutes nos initiatives conféreront à l'accord de Paris sa pleine dimension.
De l'audace, encore de l'audace ! C'est à l'échelle européenne que nous la trouverons. Quand on nous dit « impossible », il faut démentir ceux qui doutent. C'est pourquoi nous sommes en parfaite symbiose avec l'action engagée par l'Union européenne : celle-ci s'engage à faire diminuer les émissions de CO2 de 40 % d'ici 2030 ; chaque année, à partir de 2021, le paquet législatif « énergie propre » mobilisera 177 milliards d'euros d'investissement public et privé. L'isolation des bâtiments est nécessaire : l'Union européenne la favorisera massivement. Voilà l'écho européen de notre action.
Si nombre de nos concitoyens se sont éloignés de l'Europe, c'est ce grand défi qui la rendra indispensable aux yeux de tous. Pour changer nos énergies, nos modes de transport, notre industrie, notre agriculture, nos habitudes, pour nous transformer, quelle meilleure chance que l'Europe ? C'est à elle d'agir. Et l'Europe agit : nous pouvons être fiers des actions engagées, d'autant plus qu'elles participent à la refondation du projet européen. Le gouvernement américain ne souhaite pas, pour l'heure, livrer la bataille en faveur de la planète ? Soit ! Permettons à l'Europe d'assurer notre souveraineté et notre sécurité face aux grandes puissances. C'est elle qui nous permettra de ne dépendre de personne. Une Europe qui protège, c'est une Europe qui s'engage avec force vers cette transition écologique et énergétique que nous souhaitons.
Répondre au défi écologique est un formidable levier économique. Demain, des centaines de milliers d'emplois seront créés parce qu'il faudra trouver les moyens de produire de l'énergie autrement, de mieux isoler les bâtiments, de mieux recycler ce que nous produisons, de mieux cultiver ce que nous mangeons. C'est pourquoi il faut dès aujourd'hui mettre en place une formation professionnelle efficace, en France comme en Europe, pour être en mesure, demain, de pourvoir en nombre et en qualité ces nouveaux emplois. Répondre au défi écologique, c'est aussi permettre aux citoyens européens de renforcer le lien qui les unit. L'état et l'avenir de notre environnement nous place de facto dans une communauté de destin qu'il convient de faire fructifier. Les conventions démocratiques européennes permettront aux Européennes et aux Européens de décider, par l'échange et la discussion, dans toutes les langues qu'ils partagent, des grands chantiers de la transition et d'en être pleinement les acteurs.
Même si les projets sont là, même si l'ambition est là, et même si cette transition est en marche, il est difficile de convaincre l'ensemble de nos partenaires, d'adopter la bonne stratégie pour rallier tous les États, tous les citoyens, à cette cause dont notre avenir dépend. Encore trop de citoyens, de responsables politiques, d'États restent frileux face au besoin d'agir en réaction au changement climatique et au regard de l'ambition que nous portons. Sachez, madame la ministre, que vous pouvez compter sur le soutien sans réserve de cette assemblée pour appuyer l'action du Gouvernement. Demain, la transition que nous engageons nous mènera à une Europe de l'initiative, de la prospérité, de la sécurité, de la souveraineté, de la citoyenneté, de la démocratie, du partage, de la jeunesse, de la culture, du dynamisme sans frontières, en un mot, à l'Europe que nous aimons.