Et où les gilets jaunes protestent-ils depuis deux semaines ? Aux entrées d'autoroutes, que les manifestants rendent gratuites. C'est un symptôme, il me semble. Un symbole. Une réappropriation. Car elles pourraient être gratuites, ces autoroutes que les Français ont payées et repayées au moins trois fois. Voilà maintenant dix ans, l'État, les technocrates de Bercy, le ministère de l'économie, le Premier ministre, le Président de la République, tous ces braves messieurs qui jouent les bons gestionnaires et les pères de famille épargnants, ont vendu nos autoroutes aux moins offrants. Je dis bien aux moins offrants – avec 10 milliards d'euros de rabais, comme la Cour des comptes l'a prouvé. Depuis, Eiffage, Vinci et Abertis se goinfrent. L'Autorité de la concurrence le dénonçait sans ambages : « les sociétés d'autoroutes affichent toutes une rentabilité nette exceptionnelle, comprise en 20 % et 24 %, nourrie par l'augmentation continue des tarifs des péages. »