Intervention de Fiona Lazaar

Séance en hémicycle du lundi 26 novembre 2018 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFiona Lazaar :

Les parcours de vie sont plus fracturés et plus incertains. Le marché de l'emploi est plus compétitif. Aujourd'hui, notre responsabilité est de répondre à ces enjeux concrets pour nos concitoyens en bâtissant les fondations d'un nouvel État-providence qui devra nécessairement aller vers plus de prévention, être plus juste, et mieux accompagner les Français.

Cette triple ambition constitue la colonne vertébrale des stratégies de lutte contre la pauvreté et de transformation du système de santé présentées par le Président de la République. Ces deux initiatives, qui répondent à nos engagements de campagne, trouvent dans ce texte de premières traductions concrètes que des millions de Français pourront constater au quotidien.

Ce budget est concret en ce qui concerne l'accès aux soins. Près d'1,5 million de Français bénéficieront d'une complémentaire santé à moins de 1 euro par jour, suite à la fusion de la couverture maladie universelle complémentaire – CMU-C – et de l'aide à la complémentaire santé – ACS. Les Français pourront par ailleurs constater les premiers effets du reste à charge zéro en optique, en audiologie et en dentaire. Les lunettes, les prothèses auditives, les prothèses dentaires doivent être accessibles à tous.

Ce budget est concret pour la fiche de paie et pour les salariés. Nous allons continuer à mieux récompenser le travail, en exonérant les heures supplémentaires de cotisations salariales. Après la hausse constatée par tous les salariés au mois d'octobre, il s'agit d'une nouvelle mesure qui se verra sur la fiche de paie. Pour un salarié au SMIC, elle se traduira par un gain de 200 euros par an en moyenne.

Ce budget est aussi concret pour les familles. Nous prolongerons le congé maternité des travailleuses indépendantes de 74 à 112 jours pour le rendre équivalent à celui des salariées. Comment pouvions-nous accepter qu'une travailleuse indépendante ne bénéficie jusqu'à aujourd'hui que de six semaines de congé de maternité ? Nous créons un congé paternité spécifique pour les parents d'enfants prématurés, afin de permettre au père d'être présents pour son enfant et pour la maman dans une période qui peut être difficile. Pour les familles d'enfants en situation de handicap, nous augmenterons de 30 % les aides à la garde d'enfant et nous les prolongerons jusqu'à l'entrée en maternelle.

Enfin, ce budget apporte des protections concrètes à ceux qui en ont besoin. Il permet d'augmenter de 35 euros le minimum vieillesse et de 40 euros l'allocation aux adultes handicapés. Il renforce les personnels soignants au sein des EHPAD, dont on sait les difficultés, avec une enveloppe d'urgence de 125 millions d'euros débloquée pour l'année 2019. J'ai vu, à Argenteuil, la réalité de ce métier, de ses difficultés, ainsi que l'engagement des personnels. Il s'agit d'une mesure essentielle.

Si renforcer les dispositifs et les droits est important, ce n'est que la moitié du chemin. Il faut encore les rendre effectifs. Aujourd'hui, on constate par exemple que 30 % des personnes qui auraient droit au RSA ne le demandent pas. Lutter contre ce phénomène dit de « non-recours » sera l'un des objectifs du revenu universel d'activité, dont ce texte pose les fondations.

C'est aussi l'objectif du travail que nous avons mené depuis des mois avec des députés de la majorité pour permettre aux retraités étrangers ayant cotisé en France de faire valoir leurs droits. C'est en particulier le cas des « Chibanis », ces travailleurs venus du Maghreb à partir des années 1950.

Aujourd'hui, lorsqu'ils souhaitent s'établir pour leur retraite dans leur pays d'origine, ils perdent leur accès à la sécurité sociale, bien qu'ils aient souvent cotisé durant toute leur vie en France. Nous avons bon espoir, après un travail de fond avec les associations et le Gouvernement, de pouvoir apporter des avancées concrètes dans ce texte afin que les 300 000 Chibanis et retraités étrangers bénéficient comme tous les pensionnés d'une couverture de la sécurité sociale en France.

Au-delà de toutes les mesures concrètes que j'ai pu vous exposer, mes chers collègues, je veux vous redire combien l'enjeu à mes yeux mérite de dépasser les débats de circonstance pour porter une vraie vision, qui apportera des réponses concrètes aux Français, pour les travailleurs, pour les plus fragiles, pour les familles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.