Intervention de Adrien Quatennens

Réunion du mercredi 14 novembre 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Au nom du groupe La France insoumise, je vous remercie, monsieur le haut-commissaire, pour votre brûlant plaidoyer en faveur de la solidarité, qui revient à défendre notre système par répartition, même si cela va un peu à rebours de ce que l'on a pu constater dans les faits, notamment avec le projet de loi relatif à la croissance et à la transformation des entreprises (PACTE), qui prévoit un nouveau dispositif de retraite par capitalisation.

Dans un système tel que celui que vous souhaitez instaurer, chacun cumule des points sur un compte virtuel tout au long de sa carrière, on l'a dit avant moi, avant de les convertir en pension de retraite. Comme le coefficient variera, on saura combien on cotise mais pas combien on recevra. Il n'y aura donc pas d'amélioration de la visibilité, contrairement à ce que vous avez déclaré.

Par ailleurs, l'âge légal disparaîtra ou, plus exactement, il deviendra un seuil et non un plafond. Vous avez dit que l'on pourra partir à la retraite dès lors que l'on aura dépassé l'âge légal et que l'on estimera sa pension suffisante. Si l'on considère en revanche que le niveau de celle-ci est insuffisant, compte tenu du nombre de points accumulés et du coefficient, on continuera à travailler, peut-être jusqu'à la fin.

Il y a une absurdité : on nous dit régulièrement que l'on vit plus longtemps et qu'il faut donc travailler plus longtemps ; en réalité, c'est précisément parce que l'on travaille moins longtemps que l'on vit davantage. C'est à mesure que le temps du travail dans la vie a reculé que l'espérance de vie a augmenté – c'est une pure réalité – et donc, notamment, l'âge du départ à la retraite.

Par ailleurs, il existe des inégalités pour une même espérance de vie, dont j'ai noté qu'elle pourrait être intégrée dans le calcul du coefficient. Je rappelle qu'il y a ainsi treize années d'écart entre les 5 % les plus pauvres et les 5 % les plus riches. On pourrait aussi s'intéresser à l'espérance de vie en bonne santé : un cadre de 35 ans, par exemple, peut espérer vivre en bonne santé pendant trente-quatre ans, contre vingt-quatre ans pour un ouvrier.

Je vous ai entendu dire qu'il faudrait un système universel parce que la multiplicité des régimes conduirait, par nature, à trop de complexité. Avant de s'en plaindre, il faudrait vérifier si les spécificités des régimes sont adaptées et justifiées ou non. N'est-il pas justifié, par exemple, que le calcul repose sur les six derniers mois pour les fonctionnaires, car ils ont une carrière linéaire alors que ce n'est pas forcément la même chose dans le privé, où il est donc justifié de prendre en compte les vingt-cinq meilleures années ?

En définitive, l'harmonisation que vous appelez de vos voeux se fera-t-elle par le haut, c'est-à-dire vers le mieux-disant, ou vers le moins-disant ? Comme la valeur du point pourra être modifiée chaque année, on peut craindre une baisse des pensions de retraite.

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