Intervention de Pierre Dharréville

Réunion du mercredi 14 novembre 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Vous nous avez fait un récit merveilleux, monsieur le ministre, et je dois dire que nous avons un peu de mal à nous y laisser embarquer.

Pour ce qui nous concerne, au groupe de la Gauche démocrate et républicaine, nous considérons que la réforme a déjà commencé. En effet, un certain nombre de mesures ont déjà été prises au cours des derniers mois : vous avez porté atteinte aux droits à la retraite et provoqué une grande colère des personnes concernées, notamment avec la désindexation des pensions. Par ailleurs, le système a déjà été bien dégradé par les réformes qui se sont succédé jusqu'à aujourd'hui.

Le slogan mis en avant par la majorité, et que vous avez repris, nous apparaît pour le moins trompeur. Il induit, d'abord, une logique d'individualisation, au détriment des droits et des garanties de nature collective, avec le risque d'une logique de capitalisation insidieuse qui serait instillée dans le régime par répartition, sous la forme d'une capitalisation de points. Ensuite, la retraite sera calculée sur l'ensemble de la carrière, ce qui n'est pas tout à fait le cas aujourd'hui.

S'agissant du taux de remplacement, qui nous semble la question centrale pour toute réforme des retraites, quelle sera la valeur effective du point ? Au gré de quoi variera-t-elle ? Nous passerons forcément, compte tenu du tableau que vous avez brossé, d'un système à prestations définies, qui garantit un niveau de vie, à un système à cotisations définies, qui a plutôt pour objectif de garantir l'équilibre financier, voire de limiter la somme des richesses consacrées aux retraites.

Vous avez dit que nous avons perdu le sens de l'impôt, mais je crois que nous avons aussi perdu celui de la cotisation, et les décisions de la majorité y ont largement contribué ces derniers mois. Or, pour garantir les retraites, je pense qu'on a besoin de donner de la force à l'idée de la cotisation.

La question de l'âge ne paraît pas réglée, comme vous l'avez souligné vous-même en faisant référence à l'hypothèse d'une pension qui serait insuffisante alors même qu'on serait arrivé à un certain âge, ce qui impliquerait de continuer à travailler. Il nous semble qu'il faudrait, au contraire, garantir un âge de départ à la retraite.

Nous sommes attachés à la question de la solidarité et de la redistribution. Je ne suis pas tout à fait certain que le système de points, tel que vous le proposez, permette d'apporter une garantie dans ce domaine.

Nous souhaitons un vrai droit à la retraite. Or ce que vous nous proposez va faire des gagnants et des perdants sans que nous sachions de qui il s'agit.

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