Promotoit est une association qui a été créée en 2005 pour valoriser le rôle du toit en pente dans le bâtiment. Les approches étaient surtout technico-économiques au départ, elles ont évolué vers une plus grande prise en compte du développement durable à partir des nouvelles réglementations thermiques de 2005 et de 2012.
Aujourd'hui, nous essayons de nourrir ce débat avec huit industriels qui ont les compétences pour travailler ensemble sur des solutions globales de l'enveloppe du bâtiment : Isover, Terreal, Unilin, Wienerberger, Eternit, Edilians, Vmzinc et Velux. Nous ne sommes pas dans une approche produit, mais plutôt une approche globale.
S'agissant des freins techniques, je donnerai l'exemple des combles aménagés. On sait aujourd'hui qu'une maison, pour une surface donnée, consommera beaucoup moins d'énergie si elle a des combles aménagés que si ses combles ne sont pas aménagés, ou que si elle a une toiture plate. L'économie est de 13 %, ce qui est beaucoup. C'est parce que la forme est plus compacte et qu'il y a moins de surface d'échanges avec l'extérieur. C'est assez simple, et la complexité dans ce domaine porte sur la bonne compréhension technique des enjeux qui peuvent exister.
Aujourd'hui, la solution des combles aménagés est pénalisée car on va estimer que la surface habitable, ou surface hors oeuvre nette (SHON), est réduite du fait que dans la toiture en pente, tout l'espace d'une hauteur inférieure à 1,80 mètre n'est pas compté comme une surface habitable. C'est un élément pénalisant, car les gens sont prêts à investir sans avoir forcément des aides et des subventions, mais encore faut-il qu'ils puissent valoriser cet investissement. Ils le pourront si, demain, la surface est un peu plus importante. Si vous vivez sous les combles, vous savez que toutes les surfaces d'une hauteur inférieure à 1,80 mètre sont valorisées, par exemple parce qu'on y met le lit ou des rangements. Ces petits éléments de réglementation peuvent évoluer. Cela ne coûte rien, et permet au particulier propriétaire de son bien de savoir que les investissements qu'il a faits seront valorisés.
C'était un exemple assez simple, il y en a d'autres dans ce domaine assez technique. Aujourd'hui, on a du mal à comprendre quelles sont les différentes solutions. Une isolation thermique par l'extérieur, par exemple, a un niveau de performance énergétique peut-être plus élevé qu'une isolation par l'intérieur. Mais évidemment, ce ne sont pas les mêmes coûts, car il faut traiter les problèmes d'étanchéité de façon plus importante. Quand on parle d'incitations fiscales, on comprend que beaucoup de foyers aient besoin d'un système qui aide tout de suite à la première action, mais il ne faut pas oublier que dans beaucoup de cas de figure, des actions plus complexes demandent de vérifier d'autres paramètres comme l'étanchéité et la bonne réalisation des interfaces, qui permettent d'avoir une isolation beaucoup plus durable.
Ces aspects techniques montrent qu'une bonne connaissance technique et une bonne participation de toutes les parties prenantes peuvent aussi permettre de faire des choses sans forcément mettre beaucoup d'argent.
L'élément principal, de notre point de vue, est la complexité pour le particulier ou les professionnels chargés de fournir les offres. Aujourd'hui, on ne comprend pas toujours les choses, et le fait de les simplifier ou de les réaliser étape par étape permet de lancer le mouvement. Quand on est propriétaire, on investit dans sa maison. Un locataire ne réagira pas de la même façon. Si le propriétaire se rend compte qu'il pourra mieux revendre son bien parce qu'il aura atteint un certain niveau de performance énergétique, nous aurons des effets psychologiques importants.
Les objectifs de résultats sont tout aussi essentiels. Nous savons tous que les industriels cherchent à tirer la couverture à eux pour les aides, mais, à la fin, nous sommes tous d'accord pour dire que ce qui est important, c'est la performance du bâtiment. Or, il est possible d'identifier de nombreuses aberrations dans les systèmes de subventions, qui aident un jour les panneaux photovoltaïques, un autre jour le bois. Quand la solution globale est analysée, on ne retrouve pas forcément les mêmes conclusions qu'à partir de l'analyse du seul matériau. D'où l'importance d'avoir la totalité des acteurs autour de la table. La performance ne s'obtient pas avec un type de matériau seulement, mais avec tous les matériaux.
Au-delà de la rénovation énergétique, il ne faut pas oublier le confort thermique d'une maison. Un exemple tout simple : notre association compte parmi ses membres des fabricants de fenêtres de toit. Si vous équipez votre toiture d'une fenêtre de toit, vous vous réjouissez du gain de luminosité, sans que cela apporte forcément grand-chose sur le plan thermique. Mais, par un système d'aération habile, vous pouvez, à partir de fenêtres de toit, faire descendre de quatre ou cinq degrés les températures d'été, donc réduire la facture de climatisation. Quand on regarde les choses de près, il y a des conséquences très directes, que l'on mesure facilement, mais aussi des conséquences indirectes, y compris sur la consommation énergétique.
La partie technique est certes complexe, il y a une attente pour réduire la complexité des aides, mais la vision d'ensemble est importante pour que la personne qui va investir, même si elle est soutenue par l'État, sache que son investissement sera valorisé.