Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du mercredi 28 novembre 2018 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2018 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Nul ne peut désormais ignorer que notre pays traverse une crise sociale inouïe, où le sentiment d'abandon cède sa place à l'action et l'auto-organisation à la résignation. Je l'avoue, je ne peux que m'en réjouir, car si les mots « représentants du peuple » ont encore un sens pour vous, nous ne pouvons rester indifférents au grand mouvement citoyen des gilets jaunes, soutenu par 84 % des Français, en restant claquemurés dans notre enceinte et dans nos certitudes. Nous devons non seulement entendre cette colère, mais surtout lui offrir une perspective politique claire, qui ne peut se résumer à quelques effets d'annonce. La création d'un Haut conseil pour le climat, véritable comité Théodule, ne trompe personne. Comme je le disais avant-hier, Clemenceau se riait déjà de ce type de manoeuvre : lorsqu'on veut supprimer un problème, disait-il, on crée une commission ! Voilà vos tartufferies et vos hypocrisies.

Votre PLFR condense à lui seul tous les errements, toutes les injustices et toutes les hypocrisies de votre politique : il donne un énième coup de rabot pour complaire à la Commission européenne et à sa manie de réduire les dépenses publiques tout en instaurant une fiscalité antisociale.

Alors que vous répétez à l'envi que l'écologie est votre priorité et que vous justifiez ainsi de nouvelles taxes pour les citoyens, vous annulez 600 millions d'euros sur le compte d'affectation spéciale « Transition énergétique » et 200 millions sur la mission « Écologie, développement et mobilité durables ». Allez expliquer cela !

Allez expliquer aussi que vous retranchez près de 200 millions d'euros au budget de l'enseignement supérieur et de la recherche alors que les universités de Lille et de Rennes, entre autres, subissent de plein fouet un plan de redressement. Monsieur Saint-Martin, pourquoi ne pas dégeler immédiatement ces 200 millions d'euros et les donner aux universités d'ici à la fin du mois de décembre ?

Il n'est pas jusqu'à la justice, mission régalienne de l'État, qui souffre de votre obsession austéritaire : vous annulez 60 millions d'euros, dont 4 millions correspondant à cinquante équivalents temps plein. Pourtant, nos tribunaux sont déjà engorgés – je pense notamment à celui de mon département de la Seine-Saint-Denis qui accepterait volontiers, jusqu'à fin décembre, ces 60 millions d'euros.

J'affirme que vous profitez de ce budget rectificatif pour grignoter 600 millions d'euros – point, à la ligne.

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