Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 10 octobre 2017 à 21h45
Modification du règlement de l'assemblée nationale — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Étonnante, votre urgence à donner davantage de pouvoir à ceux qui en ont déjà, et cela au nom de l'équité entre les groupes ! Un tour de force – ou une nouvelle injustice ? – , si l'on en croit Mme la rapporteure, laquelle annonce sans sourciller qu'elle s'opposera à tout amendement qui contesterait l'équilibre politique acquis en commission. Une fameuse conception de la démocratie, vous en conviendrez !

En matière d'équité, puis-je me permettre d'appeler votre attention ? Les dix-neuf députés non inscrits – dix-neuf, puisqu'il paraît qu'un amateur de coups de casque nous a rejoints – ne défendent certes pas la même ligne politique que vous, mais comme vous, ils ont été élus par les Français. Et pourtant, ils n'ont pas les mêmes droits que vous. N'y aurait-il pas là quelque chose d'indécent ? Tous les députés sont les représentants élus de la nation, et participent à ce titre à l'expression de la volonté générale. Au même titre que vous, nous sommes les porte-parole dans l'hémicycle de Français qui, c'est notre différence, ne se reconnaissent pas dans les partis politiques majoritaires, de droite comme de gauche. Eh oui, les députés non inscrits ne sont pas des députés de seconde zone, tout comme leurs électeurs ne sont pas des citoyens de seconde zone !

Nous comptons parmi nous des sensibilités très différentes, de droite comme de gauche, mais qui font écho aux aspirations d'un grand nombre de Français. la manière de faire de la politique doit changer. Alors, soyons – soyez ! – audacieux, et donnez la parole à ceux qui ne pensent pas comme vous. Ne soyez pas voltairien une seule fois dans votre vie – le jour où vous avez passé le bac – , et permettez aux idées des Français, de tous les Français, de circuler librement au sein de notre hémicycle. Mettez fin à l'omerta qui frappe depuis des décennies trop de nos pairs députés, mettez fin à un système politique perclus de défiance, de préjugés et même, on peut le dire, d'une profonde intolérance. Platon affirmait que la démocratie était source d'injustice, ne lui donnons pas raison !

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