J'essaierai jusqu'au bout de vous convaincre, chers collègues.
Madame la ministre, les comparaisons que vous faites, par exemple avec les centrales nucléaires qui financeraient ceux qui les surveillent, ne tiennent pas ! Il ne s'agit pas ici de mécénat, mais d'une taxe imposée à une industrie. Il n'y a pas de contrepartie ! Nous offrons simplement de l'argent à la recherche.
Libre à vous, d'ailleurs, de sous-amender nos amendements pour que ces 20 millions d'euros proviennent d'une autre source. Le Gouvernement en a le droit.
Aujourd'hui, des chercheurs n'ont pas l'argent pour explorer des pistes qui leur paraissent prometteuses. Il n'y a pas d'argent pour cela dans les industries, il n'y en a pas dans le budget de l'État. Voilà la question que nous posons – avec insistance, pardon !
Ce n'est pas, vous avez raison, une question politicienne ; ce n'est pas la majorité contre l'opposition, ce n'est pas une question de dogme sur les taxes. C'est une question de conscience : nous, Assemblée nationale, décidons-nous que toutes les pistes de recherche sur les cancers pédiatriques doivent être explorées ? C'est tout ce qui compte : je me fiche, je l'ai dit, des questions de paternité.
Pardon de m'exprimer avec quelque émotion, mais je ne supporte plus cette idée que l'on se prive de cet effort. Je ne fais de procès à personne. Je pense qu'on se trompe de chemin.
Les arbitrages économiques des laboratoires – je ne les accuse de rien, encore une fois – feront qu'ils n'iront pas. Et, entre un cancer qui touche 2 500 gamins, et qui peut sans doute encore se subdiviser en plusieurs maladies différentes, et un cancer qui se développe chez l'adulte, l'INCa va choisir le second, parce qu'il touche plus de patients. L'arbitrage se fera contre le plus faible.
J'aimerais que l'Assemblée nationale marque, par son vote, notre détermination à lutter. Libre à vous d'ailleurs, au cours de la navette parlementaire, de modifier l'origine de ces 20 millions d'euros – qui sont, au fond, ce qui vous est demandé.