Cet amendement vient du terrain. Il m'a été inspiré par les quinze années que j'ai passées dans l'éducation, auprès d'enfants et de parents. J'ai vu parfois, trop souvent, des enfants qui, chaque jour, ne cessent de chercher des limites dans l'environnement scolaire, des jalons qui leur font défaut dans leur famille. J'ai vu aussi, par deux fois, lors de réunions entre parents et professeurs, deux mères – cela aurait pu être des pères – fondre en larmes parce que, faute d'avoir su ou pu poser les limites à temps, elles étaient frappées par leur garçon de onze ou douze ans.
Les violences physiques et psychologiques sont bien entendu un écueil ; mais nous devons parler de cet autre écueil que constitue la négligence éducative, l'absence de jalons. Éduquer vient du latin ducere : conduire, guider. Cela consiste donc à emmener l'enfant là où l'on veut l'emmener, et donc à fixer des limites.
Mon amendement, dans ces conditions, est tout simple et de bon sens : il tend à rappeler que « l'absence de tout cadre éducatif donné à l'enfant constitue une forme de violence ordinaire ».
Je suis un peu partagée sur cette proposition de loi. Nous avons entendu certains collègues, comme Élodie Jacquier-Laforge il y a quelques instants, évoquer la négligence ou l'abandon. Pourtant, ces notions sont absentes du texte. Ayant été maire, je dirais que si l'on doit, au moment du mariage, donner aux époux une sorte de guide sur la bonne éducation des enfants, il faut aussi rappeler à cette occasion qu'éduquer consiste à donner un cadre éducatif aux enfants.
Je suis très attachée à cet amendement de bon sens. J'en ai au demeurant beaucoup discuté autour de moi, et n'ai recueilli que des échos très favorables.