Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mardi 23 octobre 2018 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Vous ne serez pas étonnés si je vous dis que le groupe de la Gauche démocrate et républicaine votera également contre les crédits de cette mission, pour différentes raisons. Tout d'abord, mon groupe fut le seul à s'opposer à la départementalisation de Mayotte – vous pouvez vous reporter au compte rendu des débats –, estimant que capter ainsi une île des Comores, même si celle-ci avait un lien particulier et fort avec la France, risquait de provoquer un drame migratoire. Nous aimerions donc connaître les chiffres du ministère de l'intérieur concernant Mayotte, qu'il s'agisse des reconduites à la frontière, des victimes de naufrages dans l'espace maritime ou des moyens que la France consacre spécifiquement à cette île. Lorsque mes amis de La Réunion m'expliquent qu'une fois devenus français, les Mahorais n'ont qu'une envie, quitter Mayotte pour aller à La Réunion, je m'interroge sur l'intérêt, pour notre pays, de prendre cette partie du territoire comorien ainsi, du reste, que sur les conséquences qu'une telle attitude de colonisateur a sur la diplomatie française et sur le rayonnement de notre pays dans le monde.

Ensuite, quelles sont les causes des migrations et des demandes d'asile ? La France a des responsabilités en la matière, de par son rôle – mon groupe l'a dit – dans la guerre en Libye et son attitude militaire très offensive, qui provoque des déplacements de populations. Or, lorsqu'on est impliqué dans les causes d'un phénomène, il faut en assumer les effets. Elle porte également une responsabilité dans le fait que des sociétés multinationales françaises prélèvent leur quote-part sur les richesses de certains pays, alors que, pour permettre un véritable développement, celles-ci devraient revenir à leurs habitants. Les pays africains notamment n'ont pas besoin de ce que, dans nos quartiers, on désignerait sous le nom d'assistanat ; ils ont besoin d'aide et d'assistance pour se développer et vivre de manière autonome. Or, dans ce domaine, les moyens, même s'ils augmentent par ailleurs, ne sont pas suffisants pour que les habitants retrouvent l'espoir et cessent de penser que leur vie ne peut avoir de sens que s'ils quittent leur pays pour atteindre ce qu'ils croient être un paradis. C'est dans cette perspective qu'il faut envisager l'accueil des migrants et mener notre politique migratoire. Hélas ! on construit des murs et on accueille mal. Ainsi, Laurence Dumont l'a dit, le traitement réservé aux enfants n'est pas acceptable : on n'enferme pas des enfants et on ne les sépare pas de leur famille, de leur mère !

Pour conclure, j'ai en tête cette caravane de migrants en provenance du Honduras qui traverse actuellement le Mexique. Avec l'évolution de la démographie, d'autres vagues de ce type peuvent arriver. Que fera-t-on ? On tire ? On accueille ? Ou l'on évite qu'elles arrivent en agissant avec force de manière préventive ? C'est tout le sens de l'appel du groupe de la gauche démocrate et républicaine, qui ne votera pas les crédits de cette politique d'affichage.

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