Intervention de Olivier Becht

Séance en hémicycle du mercredi 5 décembre 2018 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la fiscalité écologique et ses conséquences sur le pouvoir d'achat suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Becht :

Nous vivons un moment historique. Historique parce que jamais, sous la Ve République, le niveau de colère mais aussi de désespérance n'a été aussi grand. Cette colère est celle des gilets jaunes mais aussi celle du peuple silencieux qui n'est pas dans la rue mais qui souffre. C'est une colère face aux inégalités entre les plus riches et les plus pauvres, alors que la moitié des Français gagne moins de 1 700 euros par mois et peine à joindre les deux bouts. Mais c'est aussi une colère face aux inégalités entre les territoires les plus développés et ceux confrontés chaque jour à un sentiment d'abandon face à la fermeture des services publics. C'est une colère face aux injustices : celle des salariés, des agriculteurs, des indépendants qui se lèvent tôt le matin et n'arrivent plus à vivre des fruits de leur travail lorsque certains vivent mieux avec les seules allocations de solidarité. C'est encore la colère de ceux qui, malgré tous leurs efforts, se retrouvent durablement exclus du marché du travail. C'est aussi la colère des jeunes qui peinent à se projeter dans une société qui a perdu ses rêves et ses grands projets fédérateurs.

Ce moment est historique aussi parce que jamais notre responsabilité vis-à-vis des générations futures n'aura été aussi grande. Face au réchauffement climatique dont les catastrophes font leurs victimes désormais en France et plus uniquement dans des pays lointains, face aux dettes publiques et privées qui s'accumulent à des niveaux inégalés, nous devons agir de façon responsable et rejeter toutes les démagogies. En effet, de quel droit ferions-nous du futur la poubelle du présent en y jetant pour nos enfants tous les efforts que nous refusons de faire aujourd'hui ? Nous le voyons partout, nous sommes arrivés à la fin d'un cycle, au bout d'une logique. Il nous faut désormais changer de modèle, changer de logiciel.

C'est l'objet de la grande concertation sur la fiscalité, la dépense publique et l'environnement que le groupe UDI, Agir et Indépendants, dans un esprit toujours constructif, a appelée de ses voeux. Cette concertation devra aborder toutes les questions sans tabou. Elle devra se faire dans un esprit d'ouverture et de coconstruction, en laissant les Français exprimer leur colère mais aussi proposer leurs solutions. Rien ne serait pire, en effet, que de donner le sentiment que nous ne sommes là que pour écouter, pour apaiser voire pour endormir les Français mais que les mesures seraient déjà écrites par quelques hauts fonctionnaires à Bercy ou ailleurs. Ces propositions devront remonter ici, à l'Assemblée nationale, pour que les représentants du peuple puissent en débattre et décider démocratiquement celles que nous adopterons. Nous devrons pleinement jouer notre rôle de chambre citoyenne et renforcer par la réforme constitutionnelle les pouvoirs du Parlement et ceux de la démocratie participative afin que la voix des Français, exprimée sur le terrain, soit non seulement écoutée mais aussi entendue.

Pour réussir, la concertation devra se dérouler dans un climat de sérénité. Comment imaginer en effet que l'on puisse débattre de l'avenir de notre pays tandis que les ronds-points sont bloqués et que des casseurs, mêlés aux manifestants, se livrent au pillage de nos commerces et à la profanation des symboles de la nation ? Au moratoire des taxes doit donc répondre un moratoire des manifestations, le temps de la concertation.

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