C'est avec gravité que je prends la parole à cette tribune. Gravité, disais-je, parce que notre pays vit des heures difficiles, marquées par la présence dans nos ronds-points et sur nos routes de beaucoup de nos concitoyens en colère qui n'avaient jamais manifesté jusqu'alors, et parce que des événements terribles, perpétrés par d'autres, ont abîmé notre capitale, nos villes, parfois nos campagnes, l'image de la France, nos forces de sécurité, notre nation tout entière, nos institutions, notre démocratie, ainsi que nos commerces, notre économie et notre tourisme.
Je veux aborder la question du pouvoir d'achat des Français en vous faisant certes des critiques, mais aussi des propositions, monsieur le Premier ministre.
Votre trajectoire consiste notamment à infliger aux Français une hausse des taxes suffisamment dissuasive, et même punitive, pour qu'ils utilisent d'urgence des énergies propres. Pour vous montrer l'impasse dans laquelle ils se trouvent, je vais citer les cas réels de quelques concitoyens aveyronnais qui se trouvent sur les routes depuis trois semaines.
Nathalie est salariée, gagne un revenu modeste et a besoin d'utiliser tous les jours, à quatre-vingts kilomètres heure, sa voiture diesel équipée d'un filtre à particules. Le prix de son plein de gazole ne cesse d'augmenter parce que les taxes augmentent. Elle n'a accès ni au métro, ni au tramway, ni au train, ni au bus électrique pour ses déplacements quotidiens, mais c'est son choix que de vivre en dehors d'un grand centre urbain, là où les distances sont telles pour atteindre l'hôpital ou les autres services publics qu'il n'est pas question de voiture électrique, car l'autonomie de ces véhicules est insuffisante et il n'y a pas assez de bornes. Sa maison a quarante ans ; il faudrait faire des travaux pour la rénover, mais vous venez d'exclure le remplacement des fenêtres du crédit d'impôt pour la transition énergétique, le CITE.