Intervention de Roland Lescure

Réunion du mercredi 4 octobre 2017 à 16h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Lescure, président :

Monsieur le ministre, je vous souhaite une nouvelle fois la bienvenue, puisque nos deux commissions ont déjà eu, l'une et l'autre, l'occasion de vous entendre – et nous en sommes toujours très heureux.

L'Européen que je suis a passé, la semaine dernière, une bonne semaine. Le Président de la République a prononcé, à la Sorbonne, un discours ambitieux, qui a redonné une perspective européenne, avec des propositions concrètes pour bâtir une souveraineté européenne, efficace, réelle, notamment en construisant une puissance économique et industrielle. Cela tombe bien : dans la foulée, le Gouvernement a choisi de joindre les actes à la parole en soutenant l'émergence de deux champions industriels européens, dans le domaine ferroviaire et dans le domaine maritime. Et comme j'ai été frappé par le nombre de discours défensifs que ces rapprochements ont suscité au cours de ces derniers jours, je veux donner un peu d'espoir à mes collègues, les faire rêver, et pas seulement cauchemarder. Les secteurs ferroviaire et maritime sont des secteurs d'avenir : au cours des prochaines années, 2,5 milliards d'êtres humains rejoindront les zones urbaines, et 2,5 milliards d'urbains rejoindront la classe moyenne, et pour une large part dans les pays émergents. Si nous voulons accompagner cette évolution, que ce soit en matière de transports collectifs urbains, secteur où Alstom est très présent, ou de navires de tourisme, industrie en pleine expansion, nous devons naviguer, si j'ose dire, à l'échelle planétaire. Il nous faut donc construire des champions planétaires.

Or, bien que puissant, Alstom était presque un nain dans un secteur dans lequel le numéro un chinois réalise à lui seul un chiffre d'affaires plus important que les trois champions Alstom, Siemens et Bombardier. La filière européenne était en danger, il était temps de réagir. Quant au marché naval, après quelques années de doute, il est lui aussi en pleine mutation. Les géants de cette industrie sont surtout asiatiques. Alors que la construction navale chinoise est l'affaire du secteur public, avec, depuis 1999, deux conglomérats qui représentent 70 % du secteur, je ne peux que me réjouir que nous construisions l'Europe du train et l'Europe de la construction navale après l'Europe de l'avion. Comme vous l'avez rappelé pendant les questions au Gouvernement, Monsieur le ministre, il s'agit de réunir le meilleur des compétences européennes pour construire les futurs géants.

Cependant, le train qui part ne saurait laisser trop de voyageurs sur le quai. Il est légitime que la Représentation nationale s'interroge sur les termes de ces accords et sur la capacité du Gouvernement à défendre les intérêts de la France, notamment en termes d'emplois, de localisation des sites et de savoir-faire. Je vous laisse donc la parole, Monsieur le ministre, pour présenter les accords et les dispositifs mis en place par le Gouvernement pour préserver les intérêts français, aujourd'hui et au fil du développement des entreprises concernées.

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