J'ai une question sur la médiocrité et la consanguinité des élites économiques françaises. Avec Alstom, on a Patrick Kron, major de Polytechnique, haut fonctionnaire du ministère de l'industrie qui est parti pantoufler dans le privé. Il a été lourdement condamné pour corruption. Cette sanction, en l'absence de stratégie industrielle, a fragilisé l'entreprise, d'où un mariage contraint et forcé avec General Electric.
Son dauphin et directeur financier, Henri Poupart-Lafarge, est lui aussi passé par Polytechnique et le ministère de l'économie, et c'est à lui qu'on confie la direction de Siemens-Alstom, comme un hochet pour rassurer l'orgueil tricolore.
Mais auparavant, avec Péchiney, c'est Jean-Pierre Rodier, Polytechnique toujours, passé par le ministère de l'industrie lui aussi, qui a cédé en 2000 l'entreprise française aux Canadiens d'Alcan. Notre ancien fleuron de l'aluminium est aujourd'hui dépecé.
Pour Alcatel, c'est Serge Tchuruk, Polytechnique à son tour, qui a rêvé d'une entreprise « fables », sans fabrication, sans usines, sans ouvriers, avant d'orchestrer son rachat par l'américain Lucent. « Fabless », Alcatel l'est devenu rapidement tant Serge Tchuruk et sa directrice générale Patricia Russo ont mené le groupe au néant.
On pourrait citer encore Jean-Marie Messier, Polytechnique, ENA, Inspection générale des finances, qui a conduit Vivendi vers le gouffre ; ou encore Michel Bon, Sciences Po, ENA, Inspection générale des finances, qui dirigeait France Télécom et fut atteint de la folie des grandeurs, condamné pour sa gestion opaque, et qui a mené l'opérateur téléphonique à la débâcle financière. Les salariés d'Orange en paient encore le prix.
Constamment, ces naufrages s'accompagnent de licenciements côté salariés, et de parachutes dorés côté patrons. Leur échec est récompensé : 5,7 millions pour Serge Tchuruk, 10,7 millions pour Patrick Kron. Ce sont nos fleurons qui sont ainsi dépecés sous la houlette d'incompétents – l'aveu est d'Arnaud Lagardère, qui a oeuvré au passage d'Airbus sous pavillon allemand et qui en a reçu une plus-value.
Alors, pour rendre sa compétitivité à l'économie française, que comptez-vous faire pour que nous ayons des dirigeants un peu moins nuls ?