Je souscris totalement à vos propos sur le coût du travail, Monsieur le président de la commission des finances. Cependant, l'argent public ne se trouve pas sous le pas d'un cheval. Déplafonner les allégements de charges au-delà de 2,6 SMIC entraînerait au minimum 3 ou 4 milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires. Je préfère donc envisager, le moment venu, si les comptes publics sont rétablis, de consacrer un tel montant à la compétitivité de notre industrie plutôt que de le dépenser dans des participations de l'État ; c'est un choix. Si nous disposions de centaines de milliards d'euros d'argent public, la question se poserait différemment.
Oui, Madame la députée Valérie Oppelt, les accords comportent des garanties en termes de contrôle de la propriété industrielle. Il n'y aura pas de transfert de technologies. Cela vaut aussi bien pour l'accord entre Siemens et Alstom que pour celui entre STX et Fincantieri.
Rien ne nous oblige, Madame la députée Véronique Louwagie, à exercer notre option d'achat des titres. Et, en raison de son coût, du risque de vente massive ou de spéculation, nous avons effectivement choisi de ne pas le faire. Vous évoquez des propos tenus au mois de novembre 2014, mais si nous avons pris la décision que nous avons prise, c'est à cause d'une accélération de la compétition mondiale, dont j'ai parlé précédemment et qui a surpris tout le monde. Mon sentiment est que la construction aéronautique connaîtra la même évolution : un troisième acteur, chinois, ne mettra pas longtemps à émerger, de même que CRRC, que personne n'avait vu venir, s'est créé en l'espace de quelques années, à coup de regroupements et d'aides d'État massives, et a fait irruption sur les marchés étrangers avec une puissance considérable et une capacité spectaculaire à emporter les appels d'offres en raison de coûts bien moindres – lorsque c'est le moins-disant qui emporte l'appel d'offres, la Chine est systématiquement mieux placée.
Merci, Monsieur Boris Vallaud, pour vos propos introductifs sur les grands champions européens et la nécessité de constituer des champions de taille mondiale à partir des compétences européennes. Je vous rappellerai simplement que c'est Christophe Sirugue, non Emmanuel Macron, qui était chargé de l'industrie à la fin du précédent quinquennat ; c'est lui en tout cas qui a négocié l'accord entre STX et Fincantieri…
Vous m'avez interrogé sur l'accord intergouvernemental. Oui, l'investissement de l'État et ses engagements vis-à-vis d'Alstom sont repris dans le cadre de cette fusion, notamment en ce qui concerne les investissements en faveur du TGV du futur, enjeu majeur pour Alstom dans les prochaines années. Quant aux doublons, les vrais doublons sont avec Bombardier plus qu'avec Siemens – et, je vous rassure, j'ai bien lu les analyses produites par Bercy.
Quant aux discussions entre Alstom et Thales, vous êtes bien placé pour savoir que cela n'a pas pu aboutir – vous étiez aux responsabilités. Je ne vous le reproche pas, je constate simplement que nous ne sommes pas parvenus à faire aboutir ce rapprochement pour une raison simple : Thales, dans lequel nous n'avons qu'une participation minoritaire, ne souhaite pas cette coopération sur la signalisation avec Alstom. Dont acte. Vous avez essayé, je l'ai également fait, mais cela n'a pas abouti, tout simplement parce que Thales estime que son intérêt stratégique n'est pas là.