Le propre du vivant est d'être évolutif. La loi pour la reconquête de la biodiversité en a consacré une conception dynamique : parce que le vivant est en perpétuelle adaptation, il relève d'une gestion adaptative. Les interactions interspécifiques appellent une réponse pragmatique, mais cette gestion adaptative inquiète pourtant certains, ce que l'on peut comprendre lorsque l'on constate que des plans de chasse établis année par année pour les grands gibiers, comme les sangliers, n'ont pas été appliqués, et qu'au final, une surpopulation entraîne des dommages pour les cultures et les pâturages forestiers.
En revanche, s'agissant de la gestion des effectifs d'espèces exotiques envahissantes, la gestion adaptative pourrait fournir une solution, car certaines espèces, à défaut de pouvoir être éradiquées, doivent pouvoir être éliminées au maximum. D'autres, source de résilience pour la biodiversité, doivent être tolérées et gérées en termes de régulation d'effectifs.
C'est aussi cette notion de gestion adaptative qui pourrait nous permettre un moratoire de prélèvement sur les espèces chassables, mais en difficulté, le temps qu'elles se reconstituent.
Nous sommes passés du concept inepte d'espèce nuisible à l'idée qu'il n'y aurait pas d'espèce nuisible a priori, mais que toute espèce peut le devenir sitôt qu'elle se retrouve en situation de sureffectif. L'idéal serait de pouvoir compter sur une autorégulation naturelle, mais nous avons malheureusement chassé les prédateurs naturels par le passé, ou acclimaté des espèces invasives.