Vous voulez-vous que j'en fasse, madame ? Je vous assure que je le pourrais, mais ce n'est pas mon état d'esprit. Je crois n'être pas totalement pour rien dans le choix des propositions de loi que mon groupe présente aujourd'hui, et je suis bien placé pour vous dire que c'était pour faire avancer les choses et pas pour mettre le Gouvernement à l'écart. Pourtant, j'ai entendu tout à l'heure, y compris dans les réactions sur vos bancs, que c'est ainsi que vous le preniez.
J'ai vu au fil des années et des différentes majorités, que quand une majorité en proie à des difficultés – et cela leur arrive à toutes, à un moment ou à un autre – se crispe, se braque, voire fait preuve de sectarisme, elle connaît des difficultés plus grandes encore le lendemain. Je me souviens d'un ancien ministre – vous devez vous en souvenir vous aussi sans doute, monsieur le président – qui nous racontait qu'arrivé au Gouvernement, on dit : « Je veux faire quelque chose ». Et l'administration répond, parce qu'elle n'a pas l'habitude de ce qui lui est alors demandé : « C'est impossible ». Le nouveau ministre, parce qu'il est ministre, insiste : « Il faut tout de même le faire ». Une semaine passe, l'administration conclut : « Finalement, on a bien regardé, c'est déjà fait ». Le ministre du gouvernement de l'époque qui me racontait cela s'appelait François Bayrou. Je crois que cela n'a pas beaucoup changé, parce que je viens d'entendre exactement les mêmes arguments successifs : « Ce n'est pas nécessaire », « C'est impossible ».