J'ai entendu beaucoup d'arguments puisque cela fait trois fois en un petit mois que nous débattons de ce sujet. Je veux d'abord remercier Nathalie Elimas de sa proposition de loi, adoptée la semaine dernière, et regretter à nouveau, comme je l'ai fait alors en présence de Mme Buzyn, que l'article 1er n'ait pas intégré ce que nous proposons là.
Dans le débat budgétaire, à l'initiative, ou sous la pression, de M. Woerth, nous avons fini par débloquer 5 millions d'euros supplémentaires. Dans la proposition de loi débattue la semaine dernière, l'Assemblée n'a pas accepté la demande formulée par de nombreux députés – y compris d'ailleurs de Mme Elimas à titre personnel – d'affecter 20 millions d'euros supplémentaires, somme identifiée comme nécessaire par tout le monde, y compris par Mme Martine Faure, qui, durant la législature précédente, s'était clairement prononcée en ce sens.
On nous objecte, comme vous venez de le faire, qu'aucun refus de lancer un programme de recherche n'est motivé par un manque d'argent. Ce qui est très étonnant, dans cette affirmation, madame la ministre, c'est que les associations, les chercheurs et les médecins que nous recevons affirment le contraire, c'est que Mme Faure, à la lumière de son travail, affirme le contraire. Nous n'avons pas inventé le montant de 20 millions d'euros ; c'est elle qui l'a avancé après avoir auditionné les mêmes chercheurs. Soit ces chercheurs proposent des pistes de recherche non pertinentes scientifiquement, mais j'imagine que, dans ce cas, on le leur expliquerait, soit ils ont raison et se détournent alors de ce métier – cela arrive – parce qu'ils ne trouvent pas les crédits dont ils ont besoin.
Vous disiez à juste titre que la science était en échec sur ce que l'on a l'habitude de faire en matière de cancer pédiatrique, mais vous avez cité des pistes d'espoir, avec la génétique, la différenciation cellulaire ou l'immunologie. Or, pour mener des recherches dans ces domaines, il faut de l'argent. Vous avez affirmé que l'INCa consacrait 12 % de ses crédits à la recherche contre le cancer pédiatrique, soit environ 7 millions d'euros. Nous en avons rajouté 5 millions d'euros. Je ne vais pas me lancer « dans une comptabilité du malheur », comme vous dites, ni devant vous, ni devant Mme Buzyn, ni devant tous les collègues présents ici, mais nous demandons environ 10 millions à 15 millions d'euros supplémentaires pour garantir qu'aucune recherche ne soit abandonnée.
Que l'on puisse ne pas trouver, tout le monde peut le comprendre, mais que l'on abandonne telle ou telle piste de recherche, alors que l'on est en échec pour certains cancers, est, me semble-t-il, inacceptable aux yeux de la nation. Vous avez dit que les financements avaient augmenté depuis dix ans. Ce n'est pas vrai pour les cancers sur lesquels on est en échec – vous citiez notamment les différents types de cancer du tronc cérébral.
Dans notre proposition de résolution, nous avons essayé de vous donner totalement la main, en vous permettant simplement de prendre l'engagement de débloquer 20 millions d'euros supplémentaires pour un fonds affecté, afin que jamais l'on ne dise à des parents ou à des enfants qu'il a été impossible de chercher, pour tel ou tel motif.
Vous pouvez être en désaccord, madame la ministre, mais notre rôle est peut-être de relayer l'expérience et les propos des acteurs de terrain. Ils ont encore dit cette semaine à l'Assemblée nationale, lors d'un point presse que nous avons organisé à la suite de la réponse de Mme Buzyn, qu'ils ont besoin de cet argent. Il n'y a rien d'agressif là-dedans, mais nous ne pouvons pas accepter l'idée que l'on n'ait pas cherché faute de moyens. Comme je l'ai dit lors du dernier débat – je ne m'étendrai pas – , la recherche privée n'agissant pas par manque de rentabilité, nous devons garantir à la recherche publique qu'elle ne manquera jamais de fonds sur ce thème.
La proposition de résolution est le véhicule le moins contraignant pour le Gouvernement, car elle ne consiste qu'en un simple engagement vis-à-vis du Parlement : garantir qu'il n'y aura pas de secteur de recherche ignoré dans la lutte contre ces cancers, sur lesquels on ne peut rien aujourd'hui à cause de l'échec des recherches scientifiques en cours et du blocage qui en découle. Voilà ce que nous vous demandons.