La stratégie de transformation du système de santé du Gouvernement et le plan « ma santé 2022 » ont vocation à mieux répondre aux besoins de soins de proximité et d'assurer aux patients une prise en charge de qualité. Toutefois, force est de constater que ces deux plans n'ont pas encore trouvé de traduction législative sur le sujet du grand âge. En attendant les effets du grand projet de loi à venir, peu de mesures auront été prises pour tenter d'améliorer a minima les conditions de vie dans les EHPAD et l'exercice des professionnels.
Cette proposition de loi, déposée par Mme Firmin Le Bodo et plusieurs de ses collègues du groupe UDI-Agir, a pour finalité d'autoriser les opticiens-lunetiers à réaliser l'examen de réfraction au sein des EHPAD. L'accès aux soins de nos aînés en perte d'autonomie est l'un des enjeux de structuration des soins de proximité et, plus largement, de notre modèle social.
Comme le vieillissement de la population, les troubles visuels, quasi systématiques chez les personnes de plus de soixante ans, revêtent un caractère inéluctable. Or l'altération de la vue a une incidence directe sur le triptyque autonomie-sécurité-échange social, qui conditionne aussi bien le bien-être que la santé mentale des personnes âgées. Nous connaissons le nombre de chutes, l'isolement, la perte d'autonomie liés à une déficience visuelle.
La désertification médicale touche aussi l'ophtalmologie. Nos aînés en sont les premières victimes, en raison de la raréfaction des ophtalmologues et des délais pour avoir des rendez-vous, ainsi que des déplacements de plusieurs kilomètres à parcourir – notamment en milieu rural – , lesquels entraînent des coûts induits et imposent aux résidents des EHPAD de se faire accompagner, ce qui pose un problème tant pour les soignants que pour les familles.
En visant à concéder aux opticiens-lunetiers le droit de se déplacer dans les EHPAD pour réaliser l'examen de réfraction, la proposition de loi permettra de satisfaire le besoin d'équipement lunetier. Le groupe Les Républicains soutiendra donc le texte. Cette initiative démontre la volonté de faciliter l'accès à la correction visuelle pour les résidents en EHPAD, ce que l'on ne peut que louer.
Toutefois, cela ne sera possible que pour le renouvellement d'équipements, puisqu'il est nécessaire que le résident soit en possession d'une ordonnance datant de moins de trois ans. Demeure alors le problème de l'obtention de l'ordonnance originale et d'un premier équipement.
Parallèlement, il me semble judicieux de penser à développer la télé-ophtalmologie.
Le groupe Les Républicains, partageant le constat des auteurs de cette proposition de loi, votera en sa faveur, en regrettant toutefois qu'elle ne fasse pas preuve de davantage d'ambition.