L'Union européenne vivra dans les jours ou les semaines à venir un tournant décisif de son histoire. Le parlement britannique devrait sceller définitivement le sort du pays. Entrés en 1973 dans ce qui était alors la Communauté économique européenne, nos voisins d'outre-Manche ont voulu recouvrer leur pleine souveraineté et l'ont fait savoir à leur gouvernement en adoptant le Brexit le 23 juin 2016.
Prévu initialement pour demain, le vote du dernier jugement, comme l'appellent les médias britanniques, aura lieu prochainement. Parce que, jusqu'à présent, le destin de nos voisins était lié au nôtre, d'un point de vue politique aussi bien qu'économique, nous ne pouvons que regretter que le gouvernement français choisisse une nouvelle fois de procéder par la voie des ordonnances pour traiter les conditions du retrait du Royaume-Uni.
Oui, c'est une bonne chose que de se préparer à toutes les éventualités, car il faut se tenir prêt et organiser les relations commerciales avec le Royaume-Uni, que ce dernier trouve ou non un accord avec l'Union européenne. Je regrette en revanche que cette discussion se fasse sans nous. Finalement, vous choisissez une fois de plus de poursuivre votre politique en catimini.
Peut-être les Français auraient-ils aimé que leurs députés puissent discuter plus précisément des conditions dans lesquelles seront, par exemple, contrôlés, ou non, les flux de marchandises et, surtout, de personnes. Si les Français nous ont élus, c'est non seulement pour défendre leur pouvoir d'achat, leur retraite et leur sécurité, mais également pour discuter de ce qui se passe à Bruxelles.
À l'heure où nos institutions sont en crise et où les gilets jaunes sont dans la rue pour dénoncer une politique hors sol qui ne répond plus depuis longtemps aux attentes des Français, il aurait été bienvenu d'associer le Parlement à cette discussion aussi emblématique que fondamentale. Sans cela, comment voulez-vous que le peuple français n'éprouve pas de la défiance envers les institutions ?