Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 11 décembre 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Violences à l'encontre de représentants de la nation

Edouard Philippe, Premier ministre :

Madame la député, au risque de vous surprendre, je dirai que vous n'êtes pas la première à subir les menaces ou la violence dans le cadre du débat public. Depuis de nombreuses années, celui-ci est caractérisé par une très grande facilité à recourir à l'insulte, souvent anonyme mais pas toujours, une très grande facilité à la menace lorsque le désaccord veut s'exprimer, une très grande facilité au rapport de forces, une très grande facilité à l'intimidation physique. Elle s'est manifestée, dans les semaines qui viennent de s'écouler, essentiellement contre des parlementaires de la majorité, mais elle s'était exprimée dans des conditions comparables contre des parlementaires ou des élus locaux des majorités précédentes, voire de l'opposition même la plus résolue, nous le savons.

Je ne voudrais pas, madame la députée, que nous nous y habituions car en vérité c'est notre capacité à débattre de façon démocratique et à assumer nos désaccords qui souffre manifestement des excès et de la volonté de certains de transférer sur le terrain de la violence physique le nécessaire débats d'idées. C'est une dérive inquiétante, aussi inquiétante que le déchaînement de violence auquel nous avons assisté dans les semaines qui viennent de s'écouler.

Vous avez été directement affectée par cette violence, madame la députée, qui n'a heureusement frappé que des biens matériels en l'occurrence mais je sais que d'autres parlementaires ont été l'objet de menaces, contre leur personne, contre leur famille, contre leurs enfants. Je sais que des parlementaires sont menacés en raison de ce qu'ils pensent et de ce qu'ils disent dans le cadre du débat public.

On peut toujours, dans le feu de l'action, faire comme si ça n'était pas grave : la vérité, c'est que c'est gravissime.

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