Monsieur le Premier ministre, avez-vous bien compris ce qui se passe dans le pays ? Derrière la révolte du peuple, il y a bien sûr un cri de colère et d'exaspération. Il y a surtout une grande souffrance qui s'exprime face à des conditions de vie déplorables, un racket fiscal devenu confiscatoire, un mépris – notamment, un mépris de classe – dans lequel La République en marche se vautre depuis dix-huit mois avec une malsaine délectation et un réel abandon de la France rurale.
Plus largement, il y a, en effet, la révolte du peuple contre la mondialisation sauvage, contre la déréglementation généralisée, contre l'injustice fiscale à l'endroit des plus vulnérables, contre l'impunité fiscale pour les plus puissants, contre la concurrence déloyale qui désavantage ceux qui travaillent honnêtement.
À cela, vous avez opposé une stratégie de la confrontation, de la diabolisation, de la diffamation. Hier, le Président a cru pouvoir apaiser la colère par de fausses concessions emballées dans ce qui s'apparente à une évidente manipulation : de prétendues consultations préalables avec un aréopage de corps intermédiaires vendues le matin et, le soir, une annonce en trompe-l'oeil d'augmentation du SMIC.
Comment voulez-vous rétablir la confiance ? Comment ne pas voir aussi comme une indécente provocation l'annonce, par le Président, de la tenue d'un débat sur l'immigration le jour même où il envoie en catimini un secrétaire d'État approuver à Marrakech un pacte de submersion migratoire de la France ?