Intervention de Natalia Pouzyreff

Réunion du mercredi 12 décembre 2018 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNatalia Pouzyreff, co-rapporteure :

M. Furst a évoqué la tentation que pourraient éprouver les Britanniques d'un rapprochement avec les États-Unis, dans le cas où nous les éloignerions trop fortement des opportunités de coopération dans le cadre de la défense européenne. Je ne crois pas à un tel « effet-repoussoir ». Chacun sait que le Royaume-Uni est déjà fortement engagé avec les Américains et il n'y a pas de raison pour qu'ils opèrent un choix drastique en la matière.

Notre entreprise commune – MBDA – constitue d'ailleurs sans nul doute la meilleure réponse à apporter pour s'assurer de l'arrimage du Royaume-Uni à l'Europe. Ne pas la soutenir reviendrait quand même à prendre une décision contraire aux intérêts industriels, y compris en Grande-Bretagne, et à faire porter un risque important de perte de souveraineté en termes de capacité technologique. De plus, comme nous l'avons souligné dans le rapport, il s'agit bien de préserver la souveraineté « de bout en bout », c'est-à-dire les capacités de développement, mais aussi de production et d'emploi. Il me semble que les Britanniques sont très sensibles au fait de conserver cette autonomie stratégique ; c'est aussi ce qui nous prémunit contre le fait qu'ils aillent brutalement se réfugier dans les bras des Américains.

Concernant le Fonds européens de la défense, il s'agit là d'une question politique, à l'origine d'une certaine agitation au Royaume-Uni. Les Britanniques se battront pour y être éligibles. Ceci m'amène à la question de M. Kervran : je ne vois pas quel trouble cela peut jeter pour MBDA. MBDA est une entreprise franco-britannique et, de ce fait, par son pied français, elle aura un plein accès aux programmes européens. De plus, il s'agit d'être réaliste : les programmes conduits en coopération sont déjà tellement imbriqués en Europe que, sans doute, un élément britannique bénéficiera parfois de ce fonds au travers d'un partenaire ou d'un sous-traitant. Il serait illusoire d'imaginer que, tout un coup, des murs vont être érigés.

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