Si les parlementaires doivent bien entendu être représentés, ils ne doivent pas être les porte-parole de lobbies. Certains établissements publics ont été ouverts à des élus qui n'étaient là que pour représenter une activité – quelle qu'elle soit. Ouvrir le CA à des parlementaires, c'est l'ouvrir à la société, et non chercher à défendre telle ou telle corporation.
Concernant les moyens, ne nous faisons pas d'illusion : cette fusion a lieu en période de difficultés financières, d'optimisation budgétaire et de fusions d'établissements publics ; il y a Bercy derrière… N'ayons pas l'illusion de créer un établissement qui bénéficiera de beaucoup de moyens.
J'ai été directeur de l'ATEN, qui fait maintenant partie de l'AFB. J'ai suivi la fusion et j'ai ainsi pu constater les pertes humaines et financières qu'elle a entraînées. Nous ne sommes pas en train de créer une agence qui additionnera l'ensemble des moyens des structures : cela fait des années que les moyens sont rabotés et ils seront dès le départ sous la ligne de flottaison. Il faut le dire.
La réalité, aujourd'hui, est que la LPO reçoit moins d'argent de l'AFB qu'avant, et non seulement elle en reçoit moins d'en haut, mais elle en reçoit également moins d'en bas.
Les structures qui fonctionnent sont celles qui disposent d'une ressource fiscale. Or ce nouvel établissement public est créé en période de vaches maigres et aucune ressource fiscale ne lui est dédiée : on se contente de « piquer » dans les caisses existantes.
Je reprends l'exemple de la LPO qui reçoit moins d'argent, non seulement de l'État et de l'AFB, mais également des agences de l'eau – qui n'ont plus de moyens. La LPO ne perçoit aucun financement français pour le programme Life Vison, alors que le vison est le mammifère le plus menacé en Europe ! Nous n'avons perçu qu'un financement européen. Nous n'avons plus d'argent pour organiser des animations dans les réserves naturelles.
Il serait peut-être temps que les agences de l'eau recentrent leurs activités sur les actions en faveur de la biodiversité et cessent de financer les actions qui la détruisent.
Quid de la fusion des PNF ? Je suis membre du conseil d'administration du parc national des Cévennes. En 2006, la loi dite « Giran » a réformé le statut des PNF, jugé trop étatique, pour en faire des parcs modernes. Depuis, plus aucun parc n'a été créé. On ne voulait plus de parcs en montagne, mais seulement sur des zones écologiques non ciblées : forêts de plaine et zones humides. Aucune collectivité n'a souhaité ouvrir un nouveau parc.
Par ailleurs, en 2006 ont été créés des parcs nationaux sans établissements publics de gestion, les parcs marins. Et l'on découvre aujourd'hui que ce pilotage central fait courir un risque de déconnexion des territoires !
Vous nous avez tous fait part de votre inquiétude quant à nos relations avec les chasseurs. Nous menons des actions sur le terrain avec des chasseurs de notre connaissance. Nous sommes, par exemple, en train de préparer un atlas des oiseaux en Nouvelle-Aquitaine, grâce à un financement de la région, avec la fédération régionale des chasseurs. Nous gérons également des territoires avec eux, tels que celui de la baie de l'Aiguillon.
Mais ne nous mentons pas : un durcissement s'est opéré. Nous serons auditionnés prochainement par le groupe d'études « Chasse et territoires » de l'Assemblée nationale, nous évoquerons donc le sujet. Oui, il est de plus en plus difficile de travailler ensemble. Le durcissement est dû à une pression sociétale très forte et à un positionnement de la Fédération nationale des chasseurs un peu frontal. Or certaines choses ne sont pas négociables, telles que le respect des textes, notamment des directives européennes.
Non, nous n'admettons pas que des instances cynégétiques fassent la promotion du non-respect des textes. Oui, nous avons des problèmes avec certaines chasses, notamment celles dites traditionnelles, qui sont à la fois cruelles et non sélectives. Mais nous pouvons néanmoins mener un grand nombre d'actions ensemble.