Ce texte de loi permettra bien sûr de lancer beaucoup de programmes de logement nouveaux, mais je voudrais tempérer un peu cette idée. Ce texte que nous avons conçu collectivement est aussi un texte patrimonial, loin de toute concession à la spéculation immobilière. Il ne s'agit pas de faire en sorte que le patrimoine local soit systématiquement reversé dans une dynamique immobilière. Oui, il faut construire des logements ; mais nous devons aussi restaurer et respecter notre propre patrimoine créole, afin de sauvegarder la sémantique et la sémiologie de notre architecture – la case. Plutôt que de tout démolir, il s'agit de tout faire pour redynamiser les coeurs de ville, abîmés par l'absence d'appropriation collective du patrimoine bâti. Ce texte permettra de sortir des grandes difficultés que nous connaissons aujourd'hui : au-delà de la question du logement, nous avons besoin d'une dynamique économique fondée sur la conception de programmes adaptés aux réalités commerciales et économiques locales.
Pour conclure, ce texte augure peut-être d'une ère nouvelle, préfigurant ce qu'on pourrait faire demain. Je souhaite que dans le cadre de la réforme de la Constitution à venir, vous soyez à l'écoute. Plutôt que de donner l'impression que vous subissez l'outre-mer, vous devez partager cette richesse et cette beauté avec nous, afin que demain, on puisse construire les textes de loi dans les meilleures conditions. Je voudrais que vous compreniez que l'outre-mer n'est pas un territoire en panne ni un handicap, mais une chance pour la France ainsi que pour nous-mêmes, et qu'il faut nous permettre de construire notre avenir en commun avec la République.