Ce débat a déjà commencé. Les partenaires sociaux travaillent depuis la semaine dernière, et hier encore, sur la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat et sur des solutions innovantes en matière de transport du quotidien. De très nombreux maires, que je veux remercier, ont ouvert leur mairie pour que puissent s'exprimer certaines revendications, d'analyses et de propositions. Vous-mêmes, mesdames et messieurs les députés, vous y prenez déjà part dans vos circonscriptions, et vous prendrez toute votre place dans ce débat qui s'annonce. Le Gouvernement proposera un cadre général pour fournir des supports, éclairer les questions qui se posent et garantir la fiabilité de la remontée d'information et la prise en compte des propositions qui auront été formulées. Mais ce débat doit rester l'affaire de tous : le Gouvernement compte sur les élus locaux, sur les parlementaires, sur les partenaires sociaux et sur la société civile dans son ensemble pour l'aider à l'organiser et à le faire vivre.
Je l'ai dit la semaine dernière : aucune taxe ne justifie de mettre en danger l'unité de la nation. Mais aucune suspension de taxe ne justifie de remettre en cause les transformations que les Français ont validées. Nous devons écouter cette colère. Nous savons qu'elle vient de très loin. Notre devoir est d'en prendre notre part de responsabilité, de corriger ce qui devait l'être et d'y répondre.
L'autre urgence, si vous me pardonnez ce paradoxe, est celle du temps long. Dès le mois de janvier, nous reprendrons le vaste mouvement de transformation du pays. Transformation de l'assurance chômage, pour inciter au maximum au retour vers l'emploi et offrir plus de justice sociale. Les partenaires sociaux se sont saisis de ce sujet et en discutent actuellement ; il est bien naturel qu'ils soient les premiers à le faire, mais nous voulons avancer sur ce sujet. Transformation de notre fonction publique, pour la rendre plus attractive, plus agile, plus fière d'elle-même aussi. Transformation de notre système de retraite, pour en garantir la transparence, la robustesse et l'équité.
Nous devons également anticiper le choc humain et financier, qui se fait déjà sentir, de la dépendance, pour que chacun, en France, quels que soient ses moyens, sa situation familiale et son lieu de résidence, puisse vieillir dans la dignité. C'est l'honneur de toutes les majorités, et de tous ceux qui s'engagent en politique, d'essayer de concilier ces deux échelles de temps que sont le quotidien et l'avenir, et de ne pas faire passer de manière systématique « leurs enfants après eux », pour paraphraser le titre du beau roman de Nicolas Mathieu – à titre personnel, je suis toujours admiratif et envieux des romanciers talentueux dont le nom est un prénom.