Dans un premier temps, les Français vous ont fait confiance. Ils ont laissé passer vos injustices car, en échange, vous leur aviez promis l'efficacité. Ils vous rejettent maintenant, parce qu'ils ont compris que votre politique n'est ni juste, ni efficace.
Vous avez traité ce mouvement comme un mouvement catégoriel, et vous n'avez cessé de l'humilier par des réponses insuffisantes et à contretemps. En quelques jours, nous avons assisté à un festival de contradictions. Monsieur le Premier ministre, votre parole, y compris dans cet hémicycle, a été discréditée. À peine votre déclaration avait-elle été approuvée par votre majorité, que vous étiez démenti par l'un de vos ministres, lequel avait pris ses consignes directement auprès du chef de l'État.
Après avoir ignoré, contourné, méprisé tous les corps intermédiaires, vous tentez maintenant de les associer à votre défaite. Mais le mal que vous avez causé est profond.
Des états généraux vous ont été proposés par un grand syndicat. Nous vous avions fait cette proposition dès avant le 17 novembre, mais vous avez d'abord fait le pari du pourrissement et d'un retournement de l'opinion, comptant qu'elle serait effrayée par les casseurs. Plutôt que d'engager une négociation, vous avez privilégié la dénonciation de la violence. En n'acceptant de bouger que sous sa menace, vous avez donné le sentiment paradoxal que seule la violence était de nature à infléchir votre politique. Vous avez ainsi continué à délégitimer tous les acteurs de notre démocratie.
En définitive, mesdames, messieurs les députés de la majorité, alors que vous vous présentez comme les accoucheurs d'un nouveau monde, vous avez repris toutes les recettes que vous dénonciez naguère.