Jamais le fossé n'a été aussi grand : il s'est creusé, élection après élection, comme le montre la progression de l'abstention ; il s'est creusé jusqu'à l'écoeurement, jusqu'à se muer en une profonde crise démocratique et à faire émerger des aspirations nouvelles, souvent légitimes, portées par les gilets jaunes – légitimes car la France n'a jamais autant souffert du sentiment lancinant que ceux qui exigent d'eux tant d'efforts s'accordent entre eux faveurs et largesses. Jamais notre légitimité à parler pour celles et ceux que nous représentons n'aura été autant contestée, mes chers collègues. Oui, nous donnons aujourd'hui le sentiment de parler au nom d'une France qui ne croit plus en nous, qui a même cessé depuis longtemps de se demander ce que nous pouvions faire pour elle.
À cela s'ajoutent le sentiment que l'Europe est naïve, qu'elle ne protège pas, voire qu'elle est imprudemment ouverte aux vents de la mondialisation,…