Madame Tanguy, vous m'interrogez sur les évolutions de notre réseau à la suite des mutualisations et à la nécessité de maîtriser la dépense : ce sont les ambassadeurs qui doivent me faire des propositions et établir les ressources dont ils ont besoin en fonction du contexte et de l'ambition. Il ne s'agit de renoncer ni à des missions économiques ni à des missions culturelles, surtout pas en Amérique latine. J'ai pu le constater moi-même en me rendant récemment en Colombie où nous sommes le premier employeur étranger et où notre rayonnement culturel est considérable. Nous n'avons pas la volonté de supprimer le moindre service, mais celle d'assurer une cohérence, territoire par territoire, et de nous fixer des priorités dans les pays où nous considérons que notre présence doit être renforcée. Aucune mission ne sera rognée dans les pays que vous évoquez.
Vous abordez un vaste sujet, monsieur Dumont. Je ne crois pas à l'idée de conditionner l'aide publique au développement à des réadmissions. Nous avons d'autres moyens d'agir à l'égard des pays concernés pour obtenir ces dernières : en l'absence de coopération, nous jouons sur les visas. C'est un moyen un peu ferme et tonique mais conditionner notre aide à des réadmissions ne correspond pas à ma philosophie.
Vous avez raison de souligner les effets de la hausse du niveau de vie de telle ou telle population dans les différents pays d'Afrique subsaharienne – effets qui ont été décrits dans un livre récent de Stephen Smith que vous avez dû lire, manifestement, puisque j'en entends des passages. Les migrations appauvrissent aussi les pays d'origine et, si j'ai bien compris votre question, il ne faudrait pas que l'aide publique au développement contribue au départ des populations et donc, indirectement, à appauvrir ces populations pendant un certain temps.