Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 6 décembre 2018 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, député, premier vice-président de l'Office :

– Merci pour vos commentaires.

Vous êtes plusieurs à avoir parlé de la communication avec l'ensemble des acteurs de la société. Vous rejoignez certaines des préoccupations de l'OPECST bien sûr. J'attire votre attention sur le fait qu'une offre est en train d'émerger via les réseaux sociaux, avec des YouTubers, dont certains de grande qualité en mathématiques ; je pense à Mickaël Launay.

Cette question s'inscrit dans le vaste chantier de l'offre culturelle. Mais nous avons un handicap bien connu : le ministère de la culture est bien moins pourvu en personnels scientifiques que littéraires, pour le dire de manière un peu brutale.

Concernant la question des coordinations internationales, il faut effectivement que nous soyons plus actifs en la matière. La difficulté est qu'il faut rencontrer de plus en plus d'acteurs, alors que nous avons, les uns et les autres, de moins en moins de disponibilités.

Avant-hier, très peu de parlementaires ont pu se libérer pour recevoir une délégation allemande de la commission sciences et technologies du Bundestag. Moi-même, j'assistais en Allemagne à la présentation officielle de la stratégie allemande en matière d'intelligence artificielle – j'étais d'ailleurs le seul étranger invité. J'ai bien compris que le volet international dans la stratégie allemande était plutôt une façade et qu'il allait falloir travailler beaucoup pour nouer une véritable coopération. Mais, a contrario, j'ai eu hier un très bon échange avec une autre délégation de parlementaires allemands intéressés spécifiquement par ce domaine. Les choses se construisent dans la durée.

La question des algorithmes a été bien portée dans les instances gouvernementales, en particulier grâce à Philippe Baptiste, directeur de cabinet de la ministre chargée de la recherche et de l'enseignement supérieur, qui a réalisé, dans des conditions très difficiles, un excellent travail sur Parcoursup, en bonne coopération avec les universitaires et les politiques.

Les questions de sécurité constitueront un enjeu majeur : les acteurs publics et privés ne sont pas au niveau. M. Berry a évoqué la fameuse attaque en Ukraine, dont des sources fiables indiquent qu'elle proviendrait de la Russie, avec, comme dégâts collatéraux, la bagatelle de 400 millions d'euros de matériel perdus en France. Ce n'est qu'un avant-goût de ce qui va se produire.

Voilà quelques semaines, l'Anssi a fait une visite d'évangélisation, si je puis dire, à l'Académie nationale de médecine, pour sensibiliser ses membres aux enjeux de la cybersécurité et aux ravages que les attaques vont provoquer. Les équipements, au motif qu'ils sont estampillés CE, sont validés par une variété d'organismes, mais ne sont pas du tout soumis au même niveau de contrôle que les médicaments classiques. Le secteur du médicament est extrêmement réglementé, alors que celui des équipements l'est très peu, mais l'un et l'autre sont vitaux. Cette situation témoigne d'une incohérence des politiques publiques, à laquelle il faudra bien répondre un jour et, si possible, sans attendre un attentat mortel.

L'un de nos collègues de l'Académie de médecine avait suggéré que la cybersécurité soit l'un des indicateurs retenus pour l'évaluation des hôpitaux au regard des dotations versées par la puissance publique. Cette suggestion a été transmise au ministère de la santé. Il faut rappeler régulièrement ces propositions pour qu'elles soient mises en oeuvre.

En termes de cybersécurité, je rappelle l'étude réalisée par le Conseil scientifique,…

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