Le projet de loi de finances pour 2019 que nous vous avons présenté avec Gérald Darmanin repose sur trois choix politiques fondamentaux.
Le premier est celui du travail. Les événements passés, qu'il est inutile de rappeler, ont montré une chose simple : les Français veulent une juste rémunération de leur travail, afin de pouvoir en vivre dignement et vivre tout court. Ils veulent que le travail leur garantisse leur liberté : liberté d'avoir des loisirs, liberté de se déplacer, liberté de construire leur vie comme ils l'entendent. Des millions de nos concitoyens qui, pendant des semaines, ont poussé un cri de souffrance et de détresse, n'arrivent plus à vivre de leur travail. C'est vrai pour des millions de salariés, en particulier pour les femmes seules qui doivent élever leurs enfants et pour tous ceux dont le salaire se situe au niveau du SMIC. C'est à ce cri que le Président de la République a voulu répondre la semaine dernière. Et croyez-moi, ce cri est poussé non seulement en France mais partout en Europe ; il est la conséquence d'un modèle économique qui ne permet plus à beaucoup de salariés de vivre dignement de leur travail. Au-delà des réponses que nous apportons maintenant au niveau national, je suis convaincu que tous les États européens devront répondre à la même question : celle du modèle économique qu'ils veulent, des libertés qu'ils peuvent offrir aux salariés.
Le deuxième choix que nous avons fait avec Gérald Darmanin est celui de la compétitivité de nos entreprises. Nous restons totalement convaincus que le défi lancé à l'économie française est d'améliorer l'offre, grâce à plus d'innovation et d'investissement, afin de fabriquer des produits de meilleure qualité qui puissent se vendre sur les marchés extérieurs et créer des emplois et de l'activité sur nos territoires.
Le troisième choix est celui du rétablissement de nos finances publiques. Comme je l'ai souligné à plusieurs reprises, il ne peut y avoir de croissance solide ni durable sans des finances publiques saines. Leur rétablissement est la condition de notre succès économique et de notre crédibilité politique – en Europe et au-delà – , dont Gérald Darmanin et moi-même voulons être les garants.
Nous sommes confrontés, je le répète, à une urgence qui impose de répondre aux souffrances et à la détresse des Français, mais nous voulons le faire en respectant les éléments fondamentaux des choix économiques et financiers que nous avons effectués depuis dix-huit mois : mieux rémunérer le travail, rétablir la compétitivité des entreprises et restaurer nos finances publiques. C'est le sens des décisions qui ont été annoncées par le Président de la République la semaine dernière et détaillées ce matin par le Premier ministre.
L'idée au coeur de ces choix est qu'il ne peut pas y avoir de succès économique sans justice, comme il ne peut pas y avoir de justice sans succès économique – car il faut créer des richesses pour pouvoir les redistribuer. L'essence de la politique économique de notre majorité depuis dix-huit mois, c'est précisément la volonté de conjuguer compétitivité économique et justice : nous voulons avancer sur les deux jambes, sans en privilégier une au détriment de l'autre. C'est par ce principe qu'ont été guidées nos décisions économiques. Certains veulent absolument opposer le ministère de l'économie, qui serait pour la compétitivité, et d'autres ministères, qui seraient pour la justice. C'est faux : tout ce que nous faisons depuis le début de notre mandat est animé de la même volonté de conjuguer ces deux objectifs.
Ainsi, dans le cadre du projet de loi PACTE – plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises – , nous avons pris les mesures nécessaires pour que les entreprises grandissent et deviennent plus compétitives, qu'elles soient capables d'innover et d'investir. Mais, dans le même temps, nous avons supprimé le forfait social à 20 % sur l'intéressement des entreprises de moins de 250 salariés, pour qu'elles puissent verser de l'intéressement à ces derniers et donc mieux rémunérer le travail ; nous avons développé l'actionnariat salarié ; nous avons modifié le code civil afin de reconnaître davantage la responsabilité sociale des entreprises en appelant chacune d'entre elles à prendre conscience de son rôle social dans la société française.
Et nous continuerons à conjuguer justice et compétitivité économique car c'est dans notre ADN, en particulier dans le mien. Dès février 2019, la prime d'activité augmentera massivement pour permettre à tous ceux qui travaillent d'être mieux rémunérés. Cette mesure viendra compléter les choix déjà opérés : la suppression des cotisations d'assurance maladie et d'assurance chômage, et celle du forfait social à 20 %, que je viens d'évoquer. Elle permettra à 5 millions de foyers d'être mieux rémunérés dès février 2019. Par ailleurs, dès janvier, les heures supplémentaires seront défiscalisées.