En premier lieu, au nom des députés du groupe Les Républicains, je veux vous dire notre satisfaction de voir deux dispositifs que nous avions combattus en première lecture abandonnés par le Gouvernement lors de cette nouvelle lecture. Je remercie nos collègues sénateurs, qui ont supprimé l'augmentation de la taxe sur les carburants et renoncé à l'application du dispositif de taux réduit de TICPE sur le gazole non routier. Mais que de temps perdu ! Que de gâchis ! Que de désordre ! Que de tempête ! Alors que depuis des mois, monsieur le ministre, nous ne cessons de vous alerter sur le sujet du pouvoir d'achat, votre politique a mis le pays en colère.
Après dix-huit mois de présidence d'Emmanuel Macron, un mot résume mieux que n'importe quel autre la politique budgétaire choisie par le Gouvernement : le renoncement. C'est de ce problème que viennent les difficultés que le Gouvernement connaît aujourd'hui.
Renoncement à la bonne gestion des deniers de l'État, d'abord, avec une augmentation des dépenses publiques de 25 milliards d'euros en 2019. Comment ne pas s'indigner devant l'absence totale de maîtrise du budget de l'État par le Gouvernement, alors que le Premier ministre promettait encore il y a quelques mois la stabilité des dépenses en volume, hors inflation ? Il y a quelques instants, monsieur le ministre, vous avez rappelé la nécessité de diminuer les dépenses publiques. Pour autant, les mesures ne sont pas au rendez-vous et les dépenses continuent d'augmenter de 0,7 %.
Renoncement à la réduction des déficits, ensuite. Le manque de courage flagrant de la majorité est à l'origine d'une véritable gabegie financière. Non seulement le déficit public n'a pas diminué en 2018, mais il se creusera énormément en 2019. Même en prenant pour référence notre déficit hors CICE, nous sommes aujourd'hui à des années-lumière de la moyenne du déficit de la zone euro. Compte tenu du coût des nouvelles mesures promises par le Président de la République, évalué à 10 milliards d'euros, le déficit pourrait s'envoler jusqu'à 3,2 % du PIB, très loin du seuil de 3 % fixé par les traités européens.
Renoncement au contrôle de la dette publique, enfin, dont le niveau demeure insoutenable et ne diminue pas. Culminant à 98,5 % du PIB à la fin de l'année 2017, la dette flirte aujourd'hui avec la barre symbolique des 100 %. Alors que la France engloutira 40 milliards d'euros dans le paiement des intérêts de sa dette en 2019, il est plus que jamais de la responsabilité de l'État de réagir face à cette chronique d'un marasme budgétaire annoncé.
J'ajoute que la dette continuera d'augmenter. En effet, pour répondre à la crise du pouvoir d'achat que le Gouvernement a lui-même provoquée, le Président de la République a annoncé des mesures évaluées à 10 milliards d'euros : il distribue de l'argent qu'il n'a pas et, ce faisant, réduit ainsi le pouvoir d'achat futur des Français.
L'avenir économique de notre nation s'obscurcit malheureusement de jour en jour, et la capitulation budgétaire du Gouvernement a déjà des conséquences concrètes. Le Gouvernement et la majorité ont beau jouer avec les chiffres, les Français comprennent que les 6 milliards d'euros de baisse d'impôts promis par le Gouvernement n'étaient en réalité qu'un tour de passe-passe budgétaire, et que l'augmentation du pouvoir d'achat à laquelle s'est engagé le Président de la République n'est qu'un mirage. Le mouvement des gilets jaunes, provoqué par l'insoutenable trajectoire carbone que vous avez décidée, l'illustre bien.
Je tiens à rappeler qu'en 2018, pas moins de 8 millions de retraités ont subi une augmentation de 25 % de CSG, sans aucune compensation, et que nos aînés subiront un autre coup de rabot, particulièrement injuste, avec l'absence d'indexation des pensions de retraite pendant deux années consécutives, en 2019 et en 2020.
En 2019, les retraités ne seront pas les seuls oubliés de la politique économique gouvernementale : les ménages souhaitant acheter leur logement devront payer plus cher l'assurance de leur prêt du fait de l'alourdissement de la fiscalité de l'assurance emprunteur. Avec l'article 52 de ce projet de loi de finances, vous allez accroître le coût des crédits immobiliers et de consommation de 600 millions d'euros chaque année. Or vous savez que l'équilibre financier des familles les plus modestes est précaire, et que leurs demandes d'emprunt sont souvent acceptées sur le fil du rasoir : désormais, ces demandes ne seront plus acceptées, et ces familles ne pourront plus accéder à la propriété.
En fait, vous êtes en train de reproduire la même erreur qu'avec la trajectoire de la taxe sur les carburants. À la fin de l'année 2017, vous nous avez expliqué qu'en raison du faible prix du baril, il était possible d'augmenter la taxe sur les carburants : on a bien vu ce que cela a donné ! Et pourtant, nous vous avions prévenus !
À en croire les annonces faites par le Président de la République lundi dernier, et celles faites par le Premier ministre ce matin dans Les Échos, vous avez admis vos erreurs : dans ces conditions, nous nous attendions à ce que le Gouvernement et sa majorité changent de position. Force est de constater que ce n'est pas le cas : vous persistez.
Certes, après l'éruption volcanique des gilets jaunes, le Gouvernement a été contraint d'entendre le cri de douleur de son peuple : en annonçant l'absence de hausse de la CSG jusqu'à 2 000 euros de retraite, une prime de fin d'année dans les entreprises et le retour des heures supplémentaires défiscalisées, Emmanuel Macron a voulu montrer qu'il avait pris la mesure de l'ampleur du désastre économique auquel la France est confrontée.
Nous saluons ces mesures, mais il faut nuancer leur impact sur le pouvoir d'achat des Français. Nous serons vigilants car, en tenant compte de la prime d'activité, l'augmentation du SMIC promise par le Président de la République pourrait n'être qu'une esbroufe de plus : toutes les personnes rémunérées au SMIC ne gagneront pas 100 euros de plus !