Intervention de Lise Magnier

Séance en hémicycle du lundi 17 décembre 2018 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLise Magnier :

Nous voici donc dans un contexte d'examen du budget pour 2019 quelque peu particulier, et c'est peu dire. Depuis dix-huit mois, nous avons partagé avec vous, monsieur le ministre de l'action et des comptes publics, chers collègues de la majorité, un grand nombre d'objectifs à atteindre, mais surtout, nous vous avons alertés sur vos erreurs méthodologiques qui rendent vos choix et vos décisions illisibles et trop souvent incompréhensibles. Vous n'en avez pas tenu compte, mais les Français vous l'ont enfin fait comprendre. Et vous vous retrouvez avec un budget à reconstruire presque entièrement, avec une équation mathématique impossible, écartelés que vous êtes entre les mesures d'urgence présentées par le Président de la République pour apaiser la colère des Français, les mesures en faveur du tissu économique, une prévision de croissance incertaine, l'impossibilité d'augmenter la fiscalité et la nécessité de tenir le niveau du déficit public.

Nous vous l'avions dit lors de la discussion générale en première lecture : le montant des économies est insuffisant, la réduction des déficits publics est très faible et fait peser un risque sur l'avenir. Aujourd'hui, avec de nouvelles mesures non prévues à financer, le manque d'effort sur la dépense est votre faiblesse puisque les prévisions de croissance ne répondent pas, pour l'instant, à vos espérances. Et maintenant, il vous faut, en plus, trouver rapidement au moins 10 milliards d'euros afin de compenser les mesures d'urgence décidées par le Président de la République.

Or faire des économies sur les dépenses publiques dans l'urgence est impossible, à moins de dégrader encore et toujours le service public sans le réformer réellement. Pourtant, pour compléter le financement des mesures annoncées, vous imaginez une accélération de la réforme de l'État, donc des économies sur les dépenses publiques, qui fourniraient de 1 à 2 milliards d'euros supplémentaires.

Mais je vous alerte, une fois encore et avec la désagréable sensation de nous répéter : la transformation de l'État ne peut pas passer uniquement par le numérique et la dématérialisation, ni par la suppression bête et méchante de postes et de services, car l'égal accès au service public doit être maintenu. Cela fait aussi partie des demandes des Français, qui ne rejetteraient pas autant l'impôt s'ils n'étaient confrontés chaque jour à des services publics qui disparaissent, dysfonctionnent ou ne répondent plus à leurs attentes.

Associez les fonctionnaires, non pas les hauts fonctionnaires de vos administrations centrales, mais l'ensemble des agents qui oeuvrent chaque jour au fonctionnement des services publics de l'État : ils pourront, eux, vous relater l'ensemble des dysfonctionnements, liés souvent à une mauvaise organisation ou à une organisation trop verticale, et qui sont source de dépenses inutiles dont nous pourrions nous passer. Ouvrez un grand débat interne aux administrations de l'État, y compris aux services déconcentrés.

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