Intervention de Jean-Charles Taugourdeau

Séance en hémicycle du jeudi 12 octobre 2017 à 9h30
Compétitivité de l'agriculture française — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Charles Taugourdeau :

Dans cette proposition de loi que notre groupe porte aujourd'hui, il est question d'allégement de normes, de charges administratives et de charges fiscales indues, ainsi que d'équité des conditions de la concurrence. Des sujets et des propositions incorrects, semble-t-il, au regard des débats que nous avons eus en commission, mais pas incorrects du tout si l'on écoute les récents propos du Président de la République, n'est-ce pas, monsieur le ministre ?

L'agriculture est un secteur économique à part entière de notre pays, qui s'inscrit pleinement dans notre histoire et notre culture. L'agriculture française ne peut pas faire abstraction de l'accroissement de la compétitivité, de la recherche de marchés à l'export et de la création d'emplois. Les agriculteurs ont besoin d'être épaulés, comme tous les entrepreneurs de France, qui n'en peuvent plus de devoir assumer les contraintes administratives liées à leurs métiers, devenus parfois impossibles à exercer.

L'absence de perspectives d'avenir pour les producteurs freine de jeunes agriculteurs à s'engager. Ils ont peur de s'installer à leur compte et de ne pas pouvoir vivre et faire vivre leur famille de leur travail. Ceux déjà installés ont aussi peur. Peur de perdre leur exploitation, peur de perdre de l'argent tout en travaillant. Œuvrer pour permettre à nos agriculteurs de vivre de leur travail est indispensable pour qu'ils puissent sereinement envisager l'avenir.

Mes chers collègues, vous prétendez incarner le nouveau monde, soit ! Vous voulez faire de la politique autrement, tant mieux, mais alors, abandonnez les postures idéologiques dans ce domaine où l'on sait qu'un consensus ferait assurément bouger les lignes pour faciliter le quotidien de nos agriculteurs ! J'ai rappelé en commission les propos de Laurence Cormier, agricultrice en Mayenne, présidente de l'association « Les Elles de la Terre » : « Être agriculteur, aujourd'hui, c'est à terme accepter de mourir trois fois : moralement, économiquement et physiquement. Et, nous agricultrices, nous ne pouvons qu'assister à ce qui s'apparente à un véritable génocide. ». Alors se réfugier derrière l'argument que sont en train de se tenir les États généraux de l'alimentation, c'est trop facile ! Peut-être que le calendrier se bouscule, mais ne croyez-vous pas que la position la plus constructive eût été, en même temps, d'enrichir le texte plutôt que de le démonter point par point pour éviter tout débat ?

Hier, à l'occasion d'un bilan d'étape des États généraux de l'alimentation, le Président de la République a appelé à un « esprit de responsabilité collectif pour une mobilisation de tous et de toutes ». Il semble donc que la proposition de loi dont nous débattons aujourd'hui rentre dans cet état d'esprit et dans les défis que veut relever le chef de l'État !

Dans cette logique, je souhaite partager avec vous mon expérience des débats parlementaires et des discussions dans cet hémicycle. L'an dernier, à la suite de mon travail au sein de la mission d'information parlementaire sur les circuits courts et la relocalisation des filières agricoles et alimentaires, j'étais orateur du groupe Les Républicains lors de l'examen du texte d'une collègue écologiste visant à favoriser l'ancrage territorial de l'alimentation et qui a été discuté à l'occasion d'une de leurs niches, comme aujourd'hui. Vous savez qu'il y a des divergences d'objectifs et de méthodes entre Europe Écologie - Les Verts et Les Républicains. Je ne partageais pas tous les points de vue de ma collègue, mais j'ai fait voter à l'unanimité ce texte par le groupe Les Républicains, car nous avons toujours voté les textes d'intérêt général et qui, même imparfaits, vont dans le bon sens !

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