Le deuxième pilier est l'environnement. On a souvent stigmatisé l'agriculture comme étant potentiellement destructrice de l'environnement, alors que les agriculteurs soulignent à juste titre, lors de débats parfois polémiques, qu'ils sont les premiers à respecter l'environnement, à vouloir le préserver, à l'entretenir et à faire en sorte que nous le transmettions aux générations futures dans les meilleures conditions possibles.
Le troisième pilier est aujourd'hui au coeur de nos débats, et nous devons apporter une réponse au défi qu'il nous pose : il s'agit de la vocation économique de l'agriculture. Même si elle doit nourrir et préserver l'environnement, l'agriculture doit aussi permettre aux hommes et aux femmes qui la pratiquent d'en vivre, et d'en vivre décemment.
Sur ce plan-là, cela a été dit, l'agriculture française est en crise depuis des années et a besoin que le monde politique – singulièrement, national – lui apporte des réponses. Il n'est en effet plus tolérable aujourd'hui que des agriculteurs vivent avec des revenus très en deçà du seuil de pauvreté, qui s'élèvent parfois à quelques centaines d'euros par mois seulement – et encore, lorsqu'il y en a, puisque certains agriculteurs, trop nombreux, ne peuvent même pas se verser un salaire à la fin du mois.
Troisième chose que je souhaite dire : au cours des dernières années, l'agriculture française a su affronter un certain nombre de mutations avec courage, détermination, résilience, tout en tenant compte des évolutions du monde environnant.
La première mutation a été celle des attentes des consommateurs. Plus leur niveau d'exigence a augmenté, plus celui de l'implication des agriculteurs pour améliorer la qualité de leurs productions a crû, ce qui a impliqué nombre de mises aux normes et un travail de fond.
Deuxième mutation : l'exigence sanitaire et réglementaire, dont on décrit aujourd'hui le poids, mais à laquelle les agriculteurs ont accepté de se plier et se plient chaque jour.
Troisième mutation : l'exigence économique liée à la mondialisation des échanges et à la compétitivité, non seulement entre les territoires français mais aussi en Europe et dans le monde.
Mises bout à bout, ces exigences nous permettent de mesurer à quel point le métier d'agriculteur est devenu difficile – il faut le reconnaître ici.
Quatrième point : on a beaucoup parlé de délais, d'anachronismes, etc. Voilà des années que l'agriculture française souffre, voilà des années que nous déplorons ici la baisse du nombre d'exploitations, voilà des années que nous observons la diminution des revenus agricoles, voilà des années que nous nous émouvons, régulièrement, lorsque le monde agricole est, malheureusement, frappé par des drames comme les suicides, notamment, et voilà des années que nous faisons tarder les réponses politiques. Je ne crois pas qu'une telle situation puisse durer beaucoup plus longtemps. Je le dis gravement ce matin : ne faisons pas miroiter aux agriculteurs des solutions qui n'arriveraient jamais. Il faut absolument leur répondre.
Dernier point : le volet plus politique.
On me dit ici, ce matin, que la présentation de ce texte relèverait d'une forme d'opportunisme alors que se déroulent les États généraux de l'alimentation, les EGA. Je m'inscris en faux contre une telle assertion et je dispose d'éléments factuels pour démontrer qu'il n'en est rien.