Intervention de Pierre-Henri Dumont

Séance en hémicycle du mercredi 19 décembre 2018 à 15h00
Modification de l'acte portant élection des membres du parlement européen — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Ces échecs et reculades successifs sont le résultat, depuis dix-huit mois, d'une stratégie unique, inique et cynique : la stratégie du chaos.

Chaos au sein même de l'Union européenne, par une division des pays membres en deux camps – l'axe du bien et l'axe du mal, les progressistes contre les populistes, ceux avec qui il faut travailler et ceux qu'il faut éviter – , avec pour seul but d'émerger comme unique représentant du camp des gentils. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron et le discours de la Sorbonne théorisant cette division artificielle, les élections successives tenues dans les pays européens consacrent ceux que, pourtant, il vilipende, que ce soit en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Suède ou en Italie. Nous ne nous en réjouissons pas, mais ces résultats sont autant d'échecs cinglants pour la politique menée à l'échelle du continent par Emmanuel Macron, retournant la stratégie de division contre le chef de l'État et isolant donc de plus en plus la France en Europe.

Méthodiquement, le Président de la République a voulu fracturer l'unité européenne, voyant avant tout en chaque pays des couleurs politiques, et non pas des partenaires, et cherchant à dresser les États membres les uns contre les autres afin de ressortir comme seul grand vainqueur de la mêlée et émergeant des ruines de la concertation européenne dans une attitude de fossoyeur des efforts de coopération passés.

Or, mes chers collègues, pour donner des leçons à l'Europe entière, encore faut-il avoir des raisons de le faire, ce qui est loin d'être le cas, puisque la France sera le seul pays de la zone euro à ne pas respecter la barre des 3 % de déficit.

Cette stratégie du chaos est également la ligne de conduite adoptée ici, en France. Cela a commencé en tripatouillant le mode d'élection des représentants français au Parlement européen pour revenir à une liste nationale unique, permettant ainsi à La République en marche de pallier son absence d'ancrage local tout en faisant la courte échelle aux listes de ceux qu'elle prétend combattre, mais qui sont en réalité ses meilleurs alliés. C'est là, en effet, votre grossière stratégie : désigner votre unique adversaire et le faire monter dans les idées et les sondages, afin de vous ériger en dernier rempart de la République.

En affirmant que votre programme consiste à transférer une grande partie de la souveraineté nationale au niveau européen, vous faites monter les populistes que vous critiquez.

En acceptant de sacrifier le siège de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, vous faites monter les populistes que vous critiquez.

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