Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 19 décembre 2018 à 15h00
Modification de l'acte portant élection des membres du parlement européen — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Selon un sondage IFOP de 2016, 69 % des Français sont attachés à l'histoire européenne et à son patrimoine. Bonne nouvelle ! En revanche, 44 % seulement des Français sont attachés à l'Union européenne en tant qu'institution et 20 % des personnes interrogées ne se sentent pas du tout liées à l'Union européenne. En l'espace de deux ans, la situation a encore évolué : selon un sondage d'octobre 2018, seuls 24 % des Français considèrent que l'Union européenne offre plus d'avantages que d'inconvénients, 38 % pensent qu'elle présente plus d'inconvénients, et 38 % y voient autant d'inconvénients que d'avantages.

Pour dire les choses clairement, l'Union européenne va mal et les voyants sont au rouge, sauf pour les euro-idéalistes qui croient encore, comme on peut le lire dans l'exposé des motifs de votre projet de loi, que la « volonté de redynamiser le projet européen est partagée par l'ensemble des partenaires européens ». C'est être bien aveugle. Partout, en effet, les signes de défiance montent – de la Grèce à l'Italie, en passant par la République tchèque, la Hongrie et la Pologne. Même la gauche allemande s'y est mise, sans oublier, naturellement, le Royaume-Uni, avec qui le divorce est douloureux, mais bel et bien engagé, et, depuis quelques mois, c'est la Suède qui montre à son tour des signes de crispation.

Aujourd'hui, pour tenter de répondre à cette défiance, vous nous demandez d'approuver la décision du Conseil du 13 juillet 2018, qui modifie la façon dont les députés européens seront élus. En d'autres termes, vous voulez guérir le mal par le mal, en ajoutant une dose supplémentaire de politique hors-sol, déconnectée des réalités.

Vous commencez fort, en réaffirmant que les membres du Parlement européen sont des « représentants des citoyens de l'Union ». Avez-vous donc oublié les leçons que vous ne cessez de nous asséner depuis juin 2017, réaffirmant à tout bout de champ que nous autres, députés, devons être avant tout des représentants de la Nation, et non des VRP – ce sont vos mots – de nos territoires. J'ai même entendu, en commission, l'un des vôtres expliquer qu'il n'est inscrit nulle part dans la Constitution qu'un député doive arpenter sa circonscription. Belle illustration de votre conception d'une représentation nationale totalement déconnectée ! On voit d'ailleurs où elle vous a menée : d'un coup, depuis que les gilets jaunes sont sur les ronds-points, c'est la panique et vous demandez à votre majorité de sortir, d'aller à la rencontre de nos concitoyens sur le terrain pour recueillir leurs doléances. Il était temps !

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