Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 19 décembre 2018 à 15h00
Modification de l'acte portant élection des membres du parlement européen — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Alors que les pays membres de l'Union européenne sont de plus en plus nombreux à réclamer davantage de souveraineté et plus de respect de nos spécificités nationales, vous nous parlez de « citoyenneté européenne », comme si l'Europe était un pays. Eh bien, non ! L'Europe ne peut être l'Europe que si elle est infiniment française, italienne, espagnole, allemande ou hongroise, et si les députés européens sont légitimes, c'est précisément parce qu'ils sont des représentants de leurs nations.

Vous nous proposez que les États membres qui ont recours au scrutin de liste fixent un seuil minimal pour l'attribution des sièges compris entre 2 % et 5 % des suffrages exprimés, pour les circonscriptions de plus de trente-cinq sièges. C'est, selon vous, pour éviter l'éparpillement des voix, mais c'est, en fait, pour dégager des majorités faciles à manier et déconnectées des spécificités locales. Pour cela, vous invoquez le traité de Lisbonne qui, je vous le rappelle, a été vécu par beaucoup de Français comme une véritable trahison démocratique. Décidément, rien ne vous arrête.

Pour que les choses soient claires, je précise que je suis profondément européenne, mais que, contrairement à vous, je ne confonds pas l'Europe avec ses institutions bruxelloises. S'il est urgent d'insuffler de la démocratie et de la liberté en revoyant le mode de désignation des institutions européennes, ce n'est pas servir les intérêts des technocrates allergiques aux frontières et aux identités des peuples, mais pour que les Européens croient à nouveau en l'Europe.

Pour cela, rien n'est plus simple : occupez-vous de ce qui préoccupe les Européens – je veux parler de l'immigration, du pouvoir d'achat et du chômage – , sous peine de voir l'Europe réduite à une parenthèse de notre histoire. Je ne crois pas que ce soit notre intérêt.

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