Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du jeudi 20 décembre 2018 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

De plus, ce troisième mensonge sera payé par nous tous. Vous faites là un peu de politique keynésienne, un peu de politique de relance, vous mettez un peu d'argent au service du pouvoir d'achat, mais, comme vous n'y êtes pas habitués, je le répète, vous le faites mal, pas assez et vous ne prenez pas l'argent où il faut. Je rappelle qu'en dix ans, la part du travail par rapport à celle du capital, dans la valeur ajoutée, a décru de 10 points, ce qui se chiffre à environ 150 milliards d'euros par an. Or, au lieu de toucher au capital, vous avez décidé que ce serait par le biais de l'impôt, des cotisations sociales, que nous contribuerions à ce regain de pouvoir d'achat.

Nous avons pourtant proposé des amendements visant à augmenter le SMIC à 1 400 euros mais vous nous avez répondu que ça coûterait trop d'argent, que ce serait impossible pour les entreprises. D'abord, pour certaines entreprises, ce serait largement possible. Et puis nous vous avons livré la solution : au lieu de donner 40 milliards d'euros aux entreprises par le biais du CICE, sans contrepartie – une mesure, je le rappelle au passage, dont l'étude la plus positive diligentée par le Gouvernement a estimé qu'elle avait permis, en plusieurs années, de ne préserver que 100 000 emplois – , au lieu, disais-je, de donner ces 40 milliards aux entreprises, il aurait fallu s'en servir pour permettre de passer le cap à celles qui évoluent dans un secteur très concurrentiel et qui jouent le jeu de l'emploi. En attendant, vous avez décidé de ne pas augmenter le SMIC.

Au fond, le problème est là : vous voulez lâcher un peu de pouvoir d'achat mais sans toucher à la répartition de la plus-value. Vous pensez depuis très longtemps, et vous le répétez, que le problème de ce pays serait le coût du travail – ce que nous appelons, nous, le prix du travail. Or, comme je viens de le démontrer, c'est non pas le travail qui coûte trop cher mais le capital non investi. Votre logique vous fait improviser, accumuler les erreurs.

M. Le Maire vante souvent votre politique économique en nous citant souvent les chiffres extraordinaires. Certes, je n'en disconviens pas, la conjoncture internationale est mauvaise, il y a bien un ralentissement économique mondial, mais vous l'aggravez. De ce point de vue, tous les chiffres donnés hier par Le Monde…

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