Nous votons aujourd'hui le budget de la nation, mais que les choses soient dites avec force, messieurs les ministres : la partie n'est pas finie, elle ne fait que commencer. Dès cet après-midi, nous continuerons à porter le fer et défendrons avec force les propositions que nous portons depuis notre arrivée dans cet hémicycle, il y a maintenant dix-huit mois, toutes ces propositions garantes de la cohésion de notre pays, respectueuses des valeurs républicaines, tournées vers le bien commun et le mieux vivre ensemble.
Mes chers collègues, cette colère saine, qui anime notre peuple et irrigue les territoires depuis plusieurs semaines, nourrit notre combat pour l'égalité et la justice sociale. L'espoir renaît et commence à chasser le fatalisme ; l'idée qu'on n'y peut rien s'efface doucement. Créer des richesses, bien sûr, même s'il faut se demander dans quelles conditions, mais les répartir surtout ! Toutes nos propositions sont inscrites dans ce cadre.
De richesses, parlons-en. Que les choses soient claires : notre pays n'en a jamais créé autant. Mais comme l'immense majorité de nos concitoyens, le grand nombre, tous ces travailleurs, ces précaires, ces retraités et ces jeunes n'en voient pas la couleur, il n'y a pas à chercher bien loin l'explication de cette mobilisation unique que connaît notre pays.
Notre pays n'a jamais été aussi riche, disais-je, ce qui rend plus inacceptable encore le chômage, la pauvreté, les inégalités, les fractures sociales et territoriales, l'absence de réponse d'ampleur à la crise écologique. Or nos concitoyens, qu'ils soient de métropole ou d'outre-mer, aspirent à vivre dignement et à être respectés. Ils ont le sentiment légitime d'avoir payé pour cette crise dont ils ne sont pas responsables. Ils ont ce sentiment d'avoir été sacrifiés sur l'autel de la mondialisation. Ils souhaitent désormais voir leur quotidien s'améliorer, à travers notamment une meilleure répartition des richesses.
Or la loi de finances pour 2019 va à rebours de cette aspiration. Plutôt que d'affronter les mécanismes qui conduisent à ce qu'une minorité capte une part toujours plus grande des richesses créées, votre budget les attise ! Il met de l'huile dans la machine à inégalités. Il met de l'huile sur le feu. En effet, quelles mesures prenez-vous pour que notre pays cesse de parader sur le podium des dividendes distribués aux actionnaires depuis plusieurs années maintenant ? Face aux cris du peuple, vous érigez des digues afin de rendre intouchables la fiscalité du capital, l'ISF, la flat tax, le double CICE à 40 milliards d'euros, et toutes ces mesures au profit du petit nombre.
Les annonces du Président de la République que nous examinerons cet après-midi ne sont ni plus ni moins qu'un écran de fumée, un os à ronger, une stratégie de diversion pour qu'il ne soit pas porté atteinte aux clés de voûte de votre projet politique : la sacro-sainte compétitivité des entreprises et la liberté de circulation des capitaux.
Voilà donc les intouchables, vos totems qui vous conduisent à mettre sur pied la prime d'activité, usine à gaz qui conduira à faire financer par le peuple lui-même cette mesure qui lui est destinée. Pas question de toucher aux plus fortunés : cette philosophie anime tout votre budget. Ainsi demandez-vous aux outre-mer de financer eux-mêmes leur propre développement, tournant le dos à la solidarité nationale. Vous comprendrez donc pourquoi nous voterons contre votre projet de loi de finances.
Fidèles à nos valeurs, attachés à l'expression de nos concitoyens dans les territoires, nous avons abordé ces débats de manière constructive, tenté de nouer le dialogue pour trouver des solutions aux difficultés de notre pays et lui permettre de relever les défis auxquels il est confronté. Quatre lignes directrices ont animé les députés communistes et GDR tout au long de ces derniers mois : garantir à tous nos concitoyens des moyens pour leur permettre de vivre dignement ; redonner du souffle à nos services publics pour garantir à la fois un meilleur maillage territorial et un maillage territorial ambitieux ; lutter contre l'évasion fiscale, cancer de l'économie, et réformer notre fiscalité pour en garantir la progressivité tant pour les entreprises que pour les ménages afin que les petits payent petit et les gros payent gros ;...