Intervention de Véronique Louwagie

Séance en hémicycle du jeudi 20 décembre 2018 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Louwagie :

Que d'évolutions, en effet, depuis le 24 septembre ! Si le déficit prévu à cette date s'élevait à 2,8 points du PIB, il s'établit aujourd'hui à un niveau largement supérieur.

Effectivement, le budget est devenu, en quelques minutes, le 10 décembre dernier, au regard des annonces qui ont été faites par le Président de la République, insincère.

Il aura d'ailleurs fallu attendre l'aube du mercredi 19 décembre pour découvrir un déficit budgétaire de l'État dégradé de 8,6 milliards d'euros : 8,6 milliards qui conduisent à un déficit de 107,7 milliards d'euros, soit 3,2 % du PIB.

Vous vous êtes réjouis, messieurs les ministres, au moment où vous nous avez présenté le projet de loi de finances rectificative pour 2018, du fait qu'il n'était pas un projet de loi de finances bis et qu'il ne comportait pas de nouvelles mesures fiscales. Nous nous sommes, alors, réjouis de cette méthode. Quel gâchis, cependant, compte tenu de ce que vous faites là au regard d'un projet de loi de finances qui a complètement évolué !

L'on note, c'est vrai, plusieurs changements, comme la suppression de la hausse de la trajectoire carbone. Si nous nous en réjouissons, nous regrettons que vous ne nous ayez pas écoutés beaucoup plus tôt. Si nous nous réjouissons tout autant, bien entendu, de l'abandon de la suppression du tarif réduit de la taxe sur le gazole non routier, là encore, quel dommage de ne pas nous avoir entendus beaucoup plus tôt !

Que dire aussi de l'ouverture des crédits, de l'ordre de 2,7 milliards d'euros, destinés à financer la nouvelle prime d'activité, sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir cet après-midi ? Pour le coup, elle ne répond pas tout à fait à l'annonce du Président de la République, qui avait indiqué que chaque personne au SMIC disposerait in fine de 100 euros de plus par mois. Or ce n'est pas le cas.

De plus, et c'est beaucoup plus grave, comme Gilles Carrez l'a souligné il y a un instant, toutes les dépenses présentées, dont certaines vont être votées cette nuit, ne figurent pas dans ce projet de loi de finances : c'est par exemple le cas du coût de l'exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires dès le 1er janvier 2019, qui s'élève à quelque 2,5 milliards d'euros.

C'est également le cas d'autres dispositifs comme l'annulation des 1,7 point de CSG pour certaines retraites, qui ne figurent ni dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, ni dans le projet de loi de finances.

Aucun crédit budgétaire n'est présenté non plus concernant l'extension du chèque énergie ou le doublement de la prime à la conversion de certains actifs qui changent de véhicules.

Le budget que vous nous demandez de voter est donc, en fait, un peu virtuel et surtout éphémère.

Que dire aussi de la croissance, qui déjà s'effrite un peu plus, et pour laquelle les hypothèses n'ont pas du tout été ajustées ? Il y a quelques jours, l'INSEE a revu à la baisse ses hypothèses en la matière : ainsi, la croissance de l'année 2019 pourrait ne pas dépasser 1,3 % du PIB, alors que l'hypothèse retenue était de 1,7 %. La croissance de 2018 finira probablement à un niveau qui pourrait être proche de 1,5 %, et non de 1,7 %.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.