Il est aussi heureux que le Gouvernement ait choisi d'agir sur la fiscalité des heures supplémentaires : depuis 2007 et Nicolas Sarkozy, nous savons que c'est un outil efficace.
Il y a aussi des changements de cap bienvenus : l'annulation de la hausse des taxes sur le carburant dans le projet de loi de finances et le retour partiel sur la hausse de la CSG des retraités, ce qui était indispensable.
Ce projet, comme souvent lorsque l'on tente de réparer quelques erreurs dans la précipitation, présente néanmoins deux failles politiques majeures.
Tout d'abord, de nouvelles injustices sont créées en tentant de remédier à d'autres : injustice entre les retraités qui paieront une CSG réduite et ceux qui, qualifiés d'aisés parce qu'ils gagnent plus de 2 000 euros, s'acquitteront du taux plein ; injustice parmi les Français qui sont au SMIC : un sur deux ne touchera rien parce que vous avez choisi de passer par la prime d'activité, dont le calcul s'effectue par foyer alors que la valeur du travail se mesure individuellement ; injustice entre ceux qui toucheront une prime de fin d'année et ceux qui n'en auront pas tout en continuant de payer la CSG et la CRDS sur les heures supplémentaires.
La seconde faille, ensuite, atteint notre crédibilité collective. Les annonces du Président de la République étaient claires et simples : le salaire d'un travailleur au SMIC augmentera de cent euros par mois dès 2019. J'imagine que cette phrase a été ciselée et les mots choisis avec une grande précision. Or, ce ne sera pas le cas.
Le fait de passer par la prime d'activité implique qu'un Français sur deux au SMIC ne touchera pas les cent euros annoncés mais il est vrai que… 100 % des Français au SMIC qui remplissent les critères auront droit à cette prime : sans vouloir vous caricaturer ou caricaturer vos propos, madame la ministre du travail, il est vrai que 100 % des gagnants au loto ont joué. Ce n'est pas du tout ce que le Président de la République a dit aux Français qui touchent le SMIC mais tel est votre choix. Si la pensée du Président de la République est parfois complexe, pour une fois, sa parole était claire et simple. Le résultat aurait dû l'être aussi, or je constate avec regret qu'il n'en est rien.
Vous avez voulu mener une politique de compétitivité mais, aujourd'hui, vous faites l'inverse. Votre projet constitue un choc de dépenses non financées dans un pays qui souffre déjà d'un excès de dépenses. Bien sûr, l'INSEE prévoit que le pouvoir d'achat augmentera l'année prochaine mais il s'agit d'un feu de paille qui brûle aussi vite qu'il s'éteint.
Ce projet est financé – je devrais plutôt dire qu'il ne l'est pas – à hauteur de 30 % par des hausses d'impôts sur les entreprises – nous verrons cela dans un texte à venir – , de 10 % par des économies – dont on ne connaît pas encore la nature – et de 60 % par de la dette supplémentaire.