Les grandes entreprises pourront se donner une image généreuse en profitant de l'argent public. En effet, « défiscaliser » et « désocialiser », cela signifie retirer de l'argent à notre protection sociale et à nos finances publiques : assurance maladie, retraite, écoles, hôpitaux. Ce coup de rabot supplémentaire ne vous fait visiblement ni chaud ni froid. Les riches et les grands patrons s'en frottent déjà les mains. S'érigeant en porte-parole des gilets jaunes, le représentant des grands patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, a ainsi affirmé que les mesures annoncées répondaient à l'essentiel des demandes. « Il est temps de se remettre au travail », n'a-t-il pu s'empêcher d'ajouter.
Enfin, cette prime défiscalisée sera versée au bon vouloir de l'employeur et de manière parfaitement discrétionnaire. Tandis que les cadres de grandes entreprises qui la touchent généralement continueront de la percevoir, de nombreux salariés de petites entreprises ne pourront pas en bénéficier. En outre, les fonctionnaires et 40 % des Français qui perçoivent déjà trop peu pour être imposés n'en bénéficieront pas non plus. Cette prime ponctuelle et injuste va soit reporter la contestation de quelques semaines, soit, pire, faire pourrir la situation et s'accumuler les rancoeurs. L'urgence économique et sociale mérite mieux. Avec cet article 1er, vous êtes complètement à côté de la plaque.
Pour répondre à M. Maillard – qui, hélas, est parti – , nous assumerons notre vote, car on ne peut répondre partiellement. Arrêtez, s'il vous plaît, de décrédibiliser notre rôle de parlementaires. C'est pour cette raison que nous avons demandé un renvoi en commission. Si une réponse partielle vous suffit, messieurs et mesdames de la majorité, pour nous, elle est inadmissible. Une réponse complète est nécessaire.